XI
Une autre fois mon guide, revenant sur la difficulté de faire accepter certains dogmes tels qu'on les interprète, me dicta la communication suivante : « Prends un à un les dogmes de la religion, et les plus incompréhensibles trouveront une interprétation satisfaisante dans nos enseignements. Je te parlerai aujourd'hui de Jésus descendant aux enfers. Avant d'être initié à la doctrine, pensais-tu quelquefois à cet admirable mystère ? Hélas ! jamais. Quels efforts d'imagination de la part des théologiens ! Quelles explications malheureuses, et souvent dénuées de sens donnaient-ils aux fidèles réclamant la lumière ! Et pourtant quelle explication toute naturelle se présente aujourd'hui à ton âme ! Les Esprits flottaient, pour la plupart, dans les régions inférieures, et languissaient dans la souffrance ; personne ne priait pour eux ; aucune voix partant de la terre ne s'élevait aux cieux pour les encourager et solliciter la divine miséricorde. Seule, l'expiation s'accomplissait. Peine proportionnée à la faute, telle était la loi inexorable sanctionnant la justice de Dieu. Jésus Sauveur accomplit sa mission ; Messie des morts comme des vivants, il descend dans les régions inférieures, il visite les âmes que l'absence de tout secours laissait dans une douloureuse erraticité. La rédemption leur est révélée, et tout ce qui, de loin ou de près, touche à votre malheureuse terre, éprouve soudainement l'influence de la croix. Dans l'ignorance des premiers âges, les Esprits erraient sans autre soulagement que leur propre repentir. La charité chrétienne n'existait pas. Jésus naît, vit et meurt en donnant aux générations l'exemple du dévouement infini. L'Homme-Dieu, le plus pur et le plus innocent des êtres, prend pour lui l'expiation matérielle, et du même coup opère la grande révolution chrétienne, et sur la terre, et dans le monde des Esprits errants. Messie de toutes les âmes incarnées ou errantes, il établit des rapports qui existeront désormais entre les hommes et les Esprits. Comme il est votre exemple éternel, à vous aussi, pauvres exilés, il enseigne la descente aux enfers, c'est-à-dire d'abaisser un regard de compassion vers les Esprits souffrants, et de leur tendre une main secourable ; à vous, il apprend la sublime charité spirituelle : la consolation des Esprits dans la souffrance. Loi charmante, inconnue à vos pères juifs ou païens ; charité exercée par la misère aussi bien que par l'opulence ; aumône si facile à répandre ; don du cœur si doux et si consolant ; en un mot : prières pour les morts, tout cela est virtuellement contenu dans le mystère de la descente aux enfers. Et tout cela se trouve en harmonie avec la loi d'expiation : Repentir et pénitence ; mais pénitence avec cette solidarité si touchante qui fait la communion des fidèles. La loi d'amour n'est véritablement promulguée qu'après la descente de Jésus dans les limbes ; c'est le couronnement de sa mission.