Dictées reçues textuellement par M. Casimir Mottet Ingénieur civil
La mort, c'est la vie. Naître, mourir, renaitre encore et progresser sans cesse, telle est la loi. Allan Kardec Ayez pour temple l'Univers, pour autels vos cœurs, pour prêtres, la conscience, et pour images, Dieu. Constancia (Buenos-Aires).
À mes chers fils Georges et Gaston, Je dédie ce livre comme la plus belle et la plus sainte relique, témoignage manifeste de la communication constante entre les vivants et les morts. Qu'ils embrassent avec ardeur cette philosophie suave " le Spiritisme ", unique vérité, trait d'union entre la science et Dieu, qui leur rendra l'épreuve plus facile et les conduira à la félicité éternelle !
Casimir Mottet
Préliminaires – Communications préparatoires 12 novembre 1896. Le mal est sans remède ; il faut à l'univers Plus d'austère vertu, plus d'amour ; car l'enfer, Que nos vices ont fait, menace d'engloutir Et la terre et les Cieux. Tout est prêt à périr. 0 Parfait Infini, qui rayonnes partout, Dont la Toute-puissance et l'infinie sagesse Sont partout manifestes ! Ô Dieu, Toi qui peux tout, Aie pitié des humains ! Vois l'horrible détresse, Le gâchis infernal qui presse tes enfants ! Seul, un de tes rayons, amoureux et bénis, Peut, sur ta volonté, rétablir l'harmonie, En séparant d'un coup les bons et les méchants.
Victor HUGO.
Frappé de semblable communication, je demandai aux guides spirituels de notre Centre, à l'aide d'un autre médium, si c'était réellement l'esprit du grand poète qui était venu nous visiter. La réponse fut la suivante. " Vous êtes incorrigible. Mais, pourquoi ne viendrait-il pas ? Est-il rien au monde de plus mauvais que le doute ? La communication n'est-elle pas à la hauteur de celui qui l'a signée ? Le guide : Henri Sauvé. Oui, c'est bien moi, Victor Hugo. " Ayant alors, instinctivement, repris le crayon moi-même, je traçai de nouveau les vers qui suivent. Ô mon bon Casimir, soyez donc plus croyant ! Ne vous figurez pas qu'ici, dans cet espace, Où tout est lumineux, limpide, étincelant, On s'amuse à tromper comme on dit : pile ou face. Tout est sérieux ici. La grande vérité Est un lustre éclatant qui réfléchit sans cesse, Où tout esprit se mire. Jamais point de faiblesse. On y parle toujours avec sincérité.
Victor HUGO.
14 novembre. Ô mon cher Casimir, laissez votre pauvre âme Aller vers l'inconnu, monter vers l'Eternel ! Vous ne saurez jamais de quelle douce flamme Elle va s'enivrer aux pieds de l'Immortel. Laissez-la donc aller ! Vos frères de l'espace Ne sont-ils donc pas là pour montrer le chemin Qu'elle doit parcourir et lui marquer sa place Dans cette immensité qui n'a jamais de fin ? Comme le matelot qui, passée la tempête, Est heureux de revoir ceux qu'il a tant aimés, Ainsi votre pauvre âme, attristée et muette, Dans les champs de l'azur reviendra s'animer. 0 ami des vieux temps ! Comme il est doux de vivre Au milieu des parfums de la vie éthérée, Dans cet océan pur où le Père respire Fait entier de bonheur et d'amour épuré ! Béni soit notre Dieu ! Ses œuvres sont parfaites ; Car, dans cet infini de soleils, de planètes, Nul n'est abandonné. Tout va vers la Beauté, Mû par la grande Loi de solidarité.
Victor HUGO.
17 novembre. Casimir, mon ami, pourquoi tant t'attrister ? Ne connais-tu donc pas le but de la vie ? Ne sais-tu que ce Ciel, dont tu fus si ravi, Ne se peut conquérir qu'après avoir lutté ? Es-tu seul à souffrir ! Regarde autour de toi, Depuis le mendiant jusqu'au plus grand des rois, Et dis-moi franchement qui n'a pas ses misères Et peut se dire heureux sur votre triste terre. Combien, plus méritants, que les noires souffrances Accablent, sans pitié, sur un lit de douleur ; Et qui sont, cependant, le cœur plein d'espérance, Gardant toute leur foi jusqu'à la dernière heure ! Allons, réagis donc ! Reprends donc ton courage ! Reprends cette vigueur qui fut ton apanage ! Pourquoi tant d'amertume ? Pourquoi douter toujours ? Le levier de la vie, n'est-ce-donc pas l'amour ? Aimer bien, être aimé, n'est-ce tout sur la terre ? Et n'as-tu mille preuves de notre amour sincère ? De quoi te plains-tu donc ? Et que désires-tu ? On ne t'a pas appris que la pure vertu N'est point d'amonceler, d'entasser les richesses, Mais bien de protéger, secourir la faiblesse ? N'est-on pas plus content, dans son for intérieur, Quand on a fait le bien, soulagé le malheur, Secourant son prochain, allégeant les souffrances, Laissant aux uns la paix, aux autres l'espérance, Que si l'on a vécu ne pensant, rien qu'à soi, Dans l'amour du pécule et non point de la Loi ? Est-il rien de plus beau, rien de plus consolant Que rendre la santé, les forces aux souffrants, Eteindre les douleurs et porter l'allégresse Partout où dominait la plus noire tristesse ? Combien seraient heureux d'échanger leurs trésors, Leurs titres, leur renom et leur luxe effréné, Pour ce sublime don que le Ciel t'a donné, Et qu'aucun des mortels n'acquiert avec son or ! Chasse ton amertume : ne porte aucune envie. Ne t'occupe point tant des besoins de ta vie. Suis les aspirations, les désirs de ton âme Qui brûle d'amour pur et dont la belle flamme T'illumine en entier. Pense aux autres toujours, Avec la même foi, avec ce même amour. Celui qui pense à toi, qui s'occupe des tiens, N'oublie jamais personne, il sait ce qui convient A chacun, comme à tous, et, bien mieux que toi-même, Il sait ce qu'il te faut " Celui-là, c'est Dieu même " !
Victor HUGO.
18 novembre. Dieu, infiniment saint et Bonté souveraine, N'abandonne pas l'homme. Au plus fort de la haine, Quand tout paraît fini, désespéré, perdu, Quand le vice a tout fait, apparaît la vertu. Allons, mes bons amis, soyez donc plus cléments, Le pardon c'est la loi. Laissez donc les méchants Se vautrer dans le vice, vous, suivez le chemin Que le Christ a tracé " Pardonnez aux humains ".
Victor Hugo.
18 novembre. Je lis le doute affreux au fond de ta pensée Et je prends en pitié ta pauvre âme glacée. Le peu de cas que fait ma versification De vos règles usitées cause ton émotion. — Victor Hugo peut-il ignorer les usages De notre poésie ? Est-il vraiment bien sage De prêter plus longtemps l'oreille à tels discours ? Des mystificateurs, nous en eûmes toujours ! — C'est bien la ta pensée : tu n'oses point la dire, Mais tu ne peux cacher ce que moi je sais lire. Eh bien ! Tu tombes ainsi dans la plus grande erreur, Car mon temps a passé de mystificateur. Non, non, je ne viens pas ici pour me distraire, Ni pour prendre ton temps. " L'œuvre que je dois faire, De morale et de bien ", t'indiquera bientôt Si l'esprit qui t'inspire vient d'en bas ou d'en haut. Je suis, je te l'affirme, Hugo, le grand poète, Du moins, j'en ai l'esprit, si je n'en ai la tête. Pourquoi douter encore ? N'es-tu donc pas à nous ? Mais, ne serais-je lui ! Que t'importe après tout, Si ce que l'on t'inspire est toujours digne et sage ? Tu me crois donc, encore, un si haut personnage Pour qu'il faille établir ma personnalité ? Oh ! Je suis bien petit dans cette immensité ! Mon nom n'y compte pas ! Je n'y suis un atome ! Jamais on n'y parla le langage des hommes. Dans l'espace sans fin où je vis aujourd'hui, Les vers n'ont pas de frein comme dans votre nuit. Pour nous, la poésie est une mélodie : Le charme de l'oreille est notre prosodie. Quand elle est satisfaite, plus aucun embarras Ne nous est opposé, car tout se borne là. Nous ne connaissons point de genre dans les rimes, Et notre poésie n'en est pas moins sublime. Au fait, je n'écris pas pour vos académies Aux décisions desquelles je ne suis plus soumis : Je suis un esprit libre, obéissant à Dieu, Et je dois parler, seul, le langage des Cieux. Ma rime ne sera ni riche, ni coquette, Je t'en préviens d'avance, ô mon cher interprète. Elle sera modeste, car la simplicité, Tout en étant plus claire, n'exclut pas la beauté. " Maintenant, il le faut, loin de toi l'affreux doute ; Mêle tes fluides aux miens et mettons-nous en route. "
Victor Hugo.