Nous avons encore visité une autre école spirituelle, où des esprits peu avancés se livraient à un travail bien pénible : ils cultivaient un sol aride. Les esprits qui les dirigeaient ranimaient leur courage, afin qu’ils ne faiblissent pas avant que la tâche fût terminée. A la fin du jour, ils se réunirent pour prendre un modeste repas composé d’un morceau de pain noir, et d’un peu d’eau bien trouble, pour étancher leur soif. Pendant qu’ils prenaient cette nourriture, un esprit leur parla ainsi : « Comme les ouvriers de la première heure, vous semblez avoir supporté tout le poids du jour et de la chaleur, et, lorsque la nuit vient interrompre forcément votre travail, vous venez prendre le frugal repas du soir, un peu de pain noir et de l’eau ; votre fatigue et votre tristesse viennent encore assombrir ce pauvre festin. Que se passe-t-il en vous ? Et pouvez-vous murmurer contre le père de famille qui vous a envoyés à sa vigne ? Non, puisque c’est votre bien que vous travaillez ; mais, comme vous êtes ouvriers de vos oeuvres, il faut que vos sueurs elles-mêmes soient cette rosée abondante qui fertilise votre champ et fait pousser les fruits de votre verger. En attendant, Dieu nous donne le nécessaire, c’est-à-dire ce qui vous permettra d’attendre le produit de vos labeurs. » Ces esprits sont si fatigués, qu’ils se couchent sur le sol et s’endorment. Alors l’esprit se retourne vers ceux qui le secondent dans sa mission de charité, et leur dit : « Mes amis, pendant que nos protégés se reposent, travaillons dans leurs champs, demandons à Dieu qu’il y répande la rosée bienfaisante qui change le terrain aride en une terre fertile ; faisons des plantations abondantes, et que les fruits mûrissent promptement ; que ce ruisseau tari par la sécheresse se remplisse d’une eau saine et limpide, afin qu’à leur réveil ils puissent continuer leur tâche avec plus de courage. Dieu nous récompensera non-seulement de ce que nous faisons pour notre avancement personnel, mais bien plus encore de ce que nous faisons progresser ceux qui n’ont pas toujours suivi la bonne voie. »