MÉTAMORPHOSES
FÉVRIER 1875
Encore et toujours ! Toujours à vous par l’affection, encore à vous ce soir par la pensée !
Il y a mes enfants, analogie entre tout, analogie entre les transformations d’un être, les transformations d’un monde et les transformations fréquentes de la nature. Que se passe-t-il à ce moment tant désiré des hommes où la nature s’épanouissant tout se reconstitue et fleurit ?
II y a travail, il y a plus, il y a combat entre la glace qui reste encore et le rayon transformateur qui paraît.
Que se passe-t-il à cette heure solennelle où l’enfant devient homme, à cette heure où laissant de côté les jeux et les enfantines croyances, il attire à lui par toutes les aspirations de son âme cette jeunesse qu’il désire tant ?.. — Il y a encore travail et combat, il y a la lutte du passé et de l’avenir.
Mais au moment trois fois béni où l’intelligence entièrement développée se sent les ailes du génie, il n’y a plus combat, mes frères, il y a bonheur ! Cette intelligence fortifiée par le travail ne doute plus et elle entre à pleines voiles dans l’océan du progrès et des félicités !
Il n’y a pas combat, il n’y a pas brusque transition lorsque l’été doré remplace le printemps verdoyant !
Il y a lutte, il y a combat, il y a doute et crainte tant que l’être imparfait se débat dans la matière ; il y a bouleversements, il y a chaos tant qu’un monde n’a pas acquis son degré de complète formation !
Reconnaissez avec moi, mes enfants bien-aimés, que votre chère doctrine doit nécessairement, fatalement, dirai-je, passer par les mêmes phases que la création tout entière. Enfant, très enfant encore, elle aspire déjà à la jeunesse, elle s’efforce d’y arriver au milieu de toutes les luttes.
Arrivera-t-elle ? — Oh ! vous ne le demandez pas ?.. — Oui, mes enfants, oui, mes frères, un jour viendra où vous ne saurez faire qu’une chose : vous aimer !
Aimez-la donc, cette enfant délicate que la matérialité meurtrit souvent, aidez-la des forces de votre dévouement, de la puissance d’une volonté que vous ferez divine en allant la puiser près de Dieu ! Aidez-la à s’implanter, à se répandre sur votre terre, souffle bienfaisant, souffle divin ! Aidez-la sans faiblesse, sans douter d’elle jamais ! Aidez-la, car elle est le salut ! Souvenez-vous, spirites, que si elle est à vous, vous lui appartenez aussi.
Fénelon.