Pour le croire, il faut en ignorer les premiers éléments. En effet, le Spiritisme pose en principe qu’avant de croire il faut comprendre ; or, pour comprendre, il faut faire usage de son jugement ; voilà pourquoi il cherche à se rendre compte de tout avant de rien admettre, à savoir le pourquoi et le comment de chaque chose ; aussi les Spirites sont-ils plus sceptiques que beaucoup d’autres à l’endroit des phénomènes qui sortent du cercle des observations habituelles.
Il ne repose sur aucune théorie préconçue ou hypothétique, mais sur l’expérience et l’observation des faits ; au lieu de dire : « Croyez d’abord et vous comprendrez ensuite si vous pouvez », il dit : « Comprenez d’abord, et vous croirez ensuite si vous le voulez. » Il ne s’impose à personne ; il dit à tous : « Voyez, observez, comparez et venez à nous librement si cela vous convient. »
En parlant ainsi, il se met sur les rangs et court les chances de la concurrence. Si beaucoup vont à lui, c’est qu’il en satisfait beaucoup, mais nul ne l’accepte les yeux fermés. A ceux qui ne l’acceptent pas, il dit : « Vous êtes libres, et je ne vous en veux pas ; tout ce que je vous demande c’est de me laisser ma liberté, comme je vous laisse la vôtre. Si vous cherchez à m’évincer, par la crainte que je ne vous supplante, c’est que vous n’êtes pas bien sûrs de vous.
Le Spiritisme ne cherchant à écarter aucun des concurrents dans la lice ouverte aux idées qui doivent prévaloir dans le monde régénéré, est dans les conditions de la véritable libre pensée ; n’admettant aucune théorie qui ne soit fondée sur l’observation, il, est en même temps dans celles du plus rigoureux positivisme ; il a enfin sur ses adversaires des deux opinions contraires extrêmes, l’avantage de la tolérance. »
Revue spirite 1867