Les caractères de la perfection, présentés par Jésus dans l’Évangile, se développent sur trois points fondamentaux : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous persécutent et qui vous calomnient. (2) Le Maître Divin nous explique pourquoi : car si vous n'aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les publicains ne le font-ils pas aussi ? - Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous en cela de plus que les autres ? Les Païens ne le font-ils pas aussi ? - Soyez donc, vous autres, parfaits, comme votre Père céleste est parfait. (2) Kardec commente cet enseignement comme suit : Puisque Dieu possède la perfection infinie en toutes choses, cette maxime : « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait, » prise à la lettre, présupposerait la possibilité d'atteindre à la perfection absolue. S'il était donné à la créature d'être aussi parfaite que le Créateur, elle lui deviendrait égale, ce qui est inadmissible. (…) Il faut donc entendre par ces paroles la perfection relative, celle dont l'humanité est susceptible et qui la rapproche le plus de la Divinité. En quoi consiste cette perfection ? Jésus le dit : « Aimer ses ennemis, faire du bien à ceux qui nous haïssent, prier pour ceux qui nous persécutent. » Il montre par-là que l'essence de la perfection, c'est la charité dans sa plus large acception, parce qu'elle implique la pratique de toutes les autres vertus. En effet, si l'on observe les résultats de tous les vices, et même des simples défauts, on reconnaîtra qu'il n'en est aucun qui n'altère plus ou moins le sentiment de la charité, parce que tous ont leur principe dans l'égoïsme et l'orgueil, qui en sont la négation ; car tout ce qui surexcite le sentiment de la personnalité détruit, ou tout au moins affaiblit les éléments de la vraie charité, qui sont : la bienveillance, l'indulgence, l'abnégation et le dévouement. L'amour du prochain, porté jusqu'à l'amour de ses ennemis, ne pouvant s'allier avec aucun défaut contraire à la charité, est, par cela même, toujours l'indice d'une plus ou moins grande supériorité morale ; d'où il résulte que le degré de la perfection est en raison de l'étendue de cet amour. (3) Nous pouvons donc dire que la (…) vertu, à son plus haut degré, comporte l'ensemble de toutes les qualités essentielles qui constituent l'homme de bien. Être bon, charitable, laborieux, sobre, modeste, ces qualités sont de l'homme vertueux. (…) Celui qui fait parade de sa vertu n'est pas vertueux, puisqu'il lui manque la qualité principale : la modestie, et qu'il a le vice le plus contraire : l'orgueil. La vertu vraiment digne de ce nom n'aime pas à s'étaler ; on la devine, mais elle se dérobe dans l'obscurité et fuit l'admiration des foules. (6) Quelle est donc la vertu la plus méritoire de toutes ? Les Esprits Supérieurs répondent : Toutes les vertus ont leur mérite, parce que toutes sont des signes de progrès dans la voie du bien. Il y a vertu toutes les fois qu'il y a résistance volontaire à l'entraînement des mauvais penchants ; mais le sublime de la vertu consiste dans le sacrifice de l'intérêt personnel pour le bien de son prochain sans arrière-pensée ; la plus méritoire est celle qui est fondée sur la charité la plus désintéressée. (7) Les qualités morales sont souvent comme la dorure mise sur un objet de cuivre et qui ne résiste pas à la pierre de touche. Un homme peut posséder des qualités réelles qui en font, pour tout le monde, un homme de bien ; mais ces qualités, quoiqu'elles soient un progrès, ne supportent pas toujours certaines épreuves, et il suffit quelquefois de toucher à la corde de l'intérêt personnel pour mettre le fond à découvert. (…) L'attachement aux choses matérielles est un signe notoire d'infériorité, parce que plus l'homme tient aux biens de ce monde, moins il comprend sa destinée ; par le désintéressement, au contraire, il prouve qu'il voit l'avenir d'un point plus élevé. (8) Les Esprits Supérieurs disent que parmi tous les vices, celui qu’on peut regarder comme radical est l’égoïsme. (…) De là dérive tout le mal. Étudiez tous les vices, et vous verrez qu'au fond de tous il y a de l'égoïsme ; vous aurez beau les combattre, vous ne parviendrez pas à les extirper tant que vous n'aurez pas attaqué le mal dans sa racine, tant que vous n'aurez pas détruit la cause. (9) Remarquons cependant que, l’égoïsme étant fondé sur le sentiment de l'intérêt personnel, il ne peut être extirpé du cœur que dans la mesure où l’homme s'éclaire sur les choses spirituelles, faisant ainsi de sorte qu’il donne moins de prix aux choses matérielles. (10) En effet, les Guides Spirituels nous enseignent que (…) de toutes les imperfections humaines, la plus difficile à déraciner c'est l'égoïsme, parce qu'il tient à l'influence de la matière dont l'homme, encore trop voisin de son origine, n'a pu s'affranchir, et cette influence, tout concourt à l'entretenir : ses lois, son organisation sociale, son éducation. L'égoïsme s'affaiblira avec la prédominance de la vie morale sur la vie matérielle, et surtout avec l'intelligence que le spiritisme vous donne de votre état futur réel, et non dénaturé par les fictions allégoriques ; le spiritisme bien compris, lorsqu'il se sera identifié avec les mœurs et les croyances, transformera les habitudes, les usages, les relations sociales. L'égoïsme est fondé sur l'importance de la personnalité ; or le spiritisme bien compris, je le répète, fait voir les choses de si haut que le sentiment de la personnalité disparaît en quelque sorte devant l'immensité. En détruisant cette importance, ou tout au moins en la faisant voir pour ce qu'elle est, il combat nécessairement l'égoïsme. (11) L'égoïsme est frère de l'orgueil et procède des mêmes causes. C'est une des plus terribles maladies de l'âme, le plus grand obstacle aux améliorations sociales. A lui seul, il neutralise, il rend stériles presque tous les efforts de l'homme vers le bien. (14) Pourtant, (…) l'égoïsme, cette plaie de l'humanité, doit disparaître de la terre, dont il arrête le progrès moral ; c'est au spiritisme qu'est réservée la tâche de la faire monter dans la hiérarchie des mondes. L'égoïsme est donc le but vers lequel tous les vrais croyants doivent diriger leurs armes, leurs forces, leur courage ; je dis leur courage, car il en faut plus pour se vaincre soi-même que pour vaincre les autres. (1) Ce courage s’acquiert à mesure que nous prenons conscience du sentiment du devoir, inséré dans notre conscience. Tout être humain porte, gravés en lui, (…) les rudiments de la loi morale. Cette loi reçoit dans ce monde même un commencement de sanction. Une bonne action procure à son auteur une satisfaction intime, une sorte de dilatation, d'épanouissement de l'âme : nos fautes, par contre, amènent souvent à leur suite amertume et regrets. (12) De son côté, le (…) devoir est l'ensemble des prescriptions de la loi morale, la règle de conduite de l'homme dans ses rapports avec ses semblables et avec l'univers entier. Noble et sainte figure, il plane au-dessus de l'humanité, inspire les grands sacrifices, les purs dévouements, les beaux enthousiasmes. Souriant aux uns, redoutable aux autres, toujours inflexible, il se dresse devant nous et nous montre cette échelle du progrès, dont les degrés se perdent à des hauteurs incommensurables. (13) L’Esprit Lazare, dans une communication insérée dans l’Évangile selon le Spiritisme, affirme : Le devoir est l'obligation morale, vis-à-vis de soi d'abord, et des autres ensuite. Le devoir est la loi de la vie ; il se retrouve dans les plus infimes détails, aussi bien que dans les actes élevés. Je ne veux parler ici que du devoir moral, et non de celui qu'imposent les professions. Dans l'ordre des sentiments, le devoir est très difficile à remplir, parce qu'il se trouve en antagonisme avec les séductions de l'intérêt et du cœur ; ses victoires n'ont pas de témoins, et ses défaites n'ont pas de répression. Le devoir intime de l'homme est abandonné à son libre arbitre ; l'aiguillon de la conscience, cette gardienne de la probité intérieure, l'avertit et le soutient, mais elle demeure souvent impuissante devant les sophismes de la passion. Le devoir du cœur, fidèlement observé, élève l'homme ; mais ce devoir, comment le préciser ? Où commence-t-il ? où s'arrête-t-il ? Le devoir commence précisément au point où vous menacez le bonheur ou le repos de votre prochain ; il se termine à la limite que vous ne voudriez pas voir franchir pour vous-même. (4) Le même Guide Spirituel conclut : Le devoir grandit et rayonne sous une forme plus élevée dans chacune des étapes supérieures de l'humanité ; l'obligation morale ne cesse jamais de la créature à Dieu ; elle doit refléter les vertus de l'Éternel qui n'accepte pas une ébauche imparfaite, parce qu'il veut que la beauté de son œuvre resplendisse devant lui. (5) Références bibliographiques : 1. KARDEC, Allan. L’Évangile selon le Spiritisme. Chap. XI, item 11. 2. _______. Chap. XVII, item 1. 3. _______. Chap. XII, item 2. 4. _______. Item 7. 5. _______. Idem. 6. _______. Item 8. 7. _______. Le Livre des Esprits. Question 893. 8. _______. Question 895. 9. _______. Question 913. 10. _______. Question 914. 11. _______. Question 917. 12. DENIS, Léon. Après la Mort. Chap. XLII (La vie Morale). 13. _______. Chap. XLIII (Le devoir). 14. _______. Chap. XLVI (L’Égoïsme). SOURCE: ÉTUDE SYSTÉMATIQUE DE LA DOCTRINE SPIRITE