3.- Le caractère essentiel de toute révélation doit être la vérité. Révéler un secret, c'est faire connaître un fait ; si la chose est fausse, ce n'est pas un fait, et par conséquent il n'y a pas révélation. Toute révélation démentie par les faits n'en est pas une ; si elle est attribuée à Dieu, Dieu ne pouvant ni mentir ni se tromper, elle ne peut émaner de lui ; il faut la considérer comme le produit d'une conception humaine. 4.- Quel est le rôle du professeur vis-à-vis de ses élèves, si ce n’est celui d'un révélateur ? Il leur enseigne ce qu'ils ne savent pas, ce qu'ils n'auraient ni le temps ni la possibilité de découvrir eux-mêmes, parce que la science est l'œuvre collective des siècles et d'une multitude d’hommes qui ont apporté, chacun, leur contingent d’observations, et dont profitent ceux qui viennent après eux. L'enseignement est donc, en réalité, la révélation de certaines vérités scientifiques ou morales, physiques ou métaphysiques, faite par des hommes qui les connaissent à d'autres qui les ignorent, et qui sans cela les eussent toujours ignorées. 5.- Mais le professeur n'enseigne que ce qu'il a appris : c'est un révélateur du second ordre ; l'homme de génie enseigne ce qu’il a trouvé lui-même : c’est le révélateur primitif ; il apporte la lumière qui, de proche en proche, se vulgarise. Où en serait l’humanité, sans la révélation des hommes de génie qui apparaissent de temps à autre ! Mais qu'est-ce que les hommes de génie ? Pourquoi sont-ils hommes de génie ? D'où viennent-ils ? Que deviennent-ils ? Remarquons que la plupart apportent en naissant des facultés transcendantes et des connaissances innées, qu'un peu de travail suffit pour développer. Ils appartiennent bien réellement à l'humanité, puisqu'ils naissent, vivent et meurent comme nous. Où donc ont-ils puisé ces connaissances qu'ils n'ont pu acquérir de leur vivant ? Dira-t-on, avec les matérialistes, que le hasard leur a donné la matière cérébrale en plus grande quantité et de meilleure qualité ? Dans ce cas, ils n'auraient pas plus de mérite qu'un légume plus gros et plus savoureux qu'un autre. Dira-t-on, avec certains spiritualistes, que Dieu les a doués d'une âme plus favorisée que celle du commun des hommes ? Supposition tout aussi illogique, puisqu'elle entacherait Dieu de partialité. La seule solution rationnelle de ce problème est dans la préexistence de l'âme et dans la pluralité des existences. L'homme de génie est un Esprit qui a vécu plus longtemps ; qui a, par conséquent, plus acquis et plus progressé que ceux qui sont moins avancés. En s'incarnant, il apporte ce qu'il sait, et comme il sait beaucoup plus que les autres, sans avoir besoin d'apprendre, il est ce qu'on appelle un homme de génie. Mais ce qu'il sait n'en est pas moins le fruit d'un travail antérieur, et non le résultat d'un privilège. Avant de renaître, il était donc Esprit avancé ; il se réincarne, soit pour faire profiter les autres de ce qu'il sait, soit pour acquérir davantage. Les hommes progressent incontestablement par eux-mêmes et par les efforts de leur intelligence ; mais, livrés à leurs propres forces, ce progrès est très lent, s'ils ne sont aidés par des hommes plus avancés, comme l'écolier l'est par ses professeurs. Tous les peuples ont eu leurs hommes de génie, qui sont venus, à diverses époques, donner une impulsion et les tirer de leur inertie. Source : Caractères de la révélation spirite – Kardec.