Que penser du recul du temps présent ?
C’est une époque de transition pour arriver à retourner vers l’idéal.
Comment cela ?
Lorsqu’on aura examiné en tout sens le grand problème de la question sociale, on verra que la cage est grillée et ne s’ouvrira que devant l’espace peuplé d’idéal, qu’il faut que chacun se recule un peu pour faire une petite place à celui de ses frères qui n’en a pas, et qu’ainsi il n’y ait plus de parias ni de malheureux privés de s’asseoir à la table à côté de ceux qui ont à manger tous les jours, en un mot, il faudra qu’on lève de nouveau les yeux avec une aspiration vers l’au-delà, afin que le socialisme ne soit plus régi par un code, mais que ce soit une question individuelle.
Je vous annonce votre amie Emilie. Cette amie, que vous aimiez tant dans son incarnation, vous dira combien elle se félicite d’avoir eu ses idées humanitaires et progressistes.
Durant sa vie, sa pensée a toujours été fixée sur l’avenir de la race humaine, et elle a profondément creusé la question du bien social et de l’amélioration possible des différentes catégories d’êtres incarnés, cherchant dans son esprit les moyens de combler les intervalles énormes qui les séparent les unes des autres, et d’engager les grands à se passer d’un peu de superflu et à regarder en eux-mêmes pour améliorer le sort des petits, en reconnaissant qu’entre les deux castes, il n’y a pas l’écart immense qu’ils croyaient exister. Elle continue dans nos sphères son oeuvre pacifique et libérale, et son âme généreuse veut demeurer près de la terre jusqu’à ce qu’elle ait obtenu un résultat préliminaire permettant à d’autres humains de construire, sur les bases établies par elle, le monument qu’elle veut voir élever pour 1e bonheur et l’avenir moral des frères laissés en souffrance.
Tu es toujours socialiste ?
Plus que jamais. Et nous le sommes tous ici, les bons et les avancés.
Je suis comme toi, et tu peux penser combien je suis triste de voir ceux qui m’entourent si différents de nous !…
Ils voient les choses d’après l’esprit du siècle incarné, c’est à dire qu’ils considèrent le socialisme comme il est compris, mais pas comme il doit être. Le socialisme est, sur la terre, un progrès à l’état de chrysalide, et, chez nous, c’est une merveille. Malheureusement, les Esprits ne sont pas encore prêts pour en recevoir les enseignements. Il y a encore trop d’âmes basses et viles, trop de bestialité et d’amour du lucre, pour que tout soit pacifique et droit, mais il faut cultiver le terrain pour qu’il produise la première récolte, la mauvaise. La moisson fauche les générations qui sont sorties de cet enfantement et les remplace par une seconde, puis une troisième, meilleure que les précédentes, et c’est ainsi que le progrès s’implantera et fera, dans la suite, naître le vrai socialisme spirite.