"Je vis bientôt que chaque Esprit, en raison de sa position personnelle et de ses connaissances, m’en dévoilait une phase, absolument comme on arrive à connaître 1' état d'un pays, en interrogeant les habitants de toutes les classes et de toutes les conditions, chacun pouvant nous apprendre quelque chose, et aucun individuellement, ne pouvant nous apprendre tout" Oeuvres Posthumes. Allan Kardec
Au fur et à mesure que je reprenais le calme Au-delà de la mort ; lorsque les vibrations de la chair se diluaient dans le grand océan de l'oubli, loin des impressions plus fortes de la vie physique, je voulus rencontrer les êtres chers restés derrière, pour leur raconter mon expérience.
Ayant, cependant, examiné mes limites, je compris très tôt l'impossibilité de la réalisation de mon dessein. Sans culture intellectuelle, habituée uniquement aux problèmes de l'humble foyer domestique, toujours très éloignée des belles lettres, je n'avais pas disposé, tant que j'étais sur Terre, des lumières du Savoir. Je souhaitais, pourtant, parler aux compagnons d'activités, leur apporter des avertissements, leur montrer les surprises de la vie spirite, leur offrir mes impressions personnelles, en les incitant au travail rénovateur que le Spiritisme offre à tous dans le champ béni des réalisations impérissables.
Bien que renseignée par la Doctrine Spirite sur le fait que la vie se poursuit après la mort du corps physique, mise au courant par l'oeuvre d'André Luiz que j'avais beaucoup aimée étant incarnée, je me heurtais, quand même, à des surprises et à des inquiétudes, comme le touriste étourdi ayant dans sa poche le guide de la ville, mais qui cherche dans la grande métropole des adresses qu'il ne retrouve pas...
Combien d'angoisses et de remords, combien de craintes et d'anxiétés ont visité mon âme après le tombeau, je ne saurais le dire.
Je constatai que la vie continue sans de grands changements, en offrant à chaque âme, dans le creuset évolutif, les satisfactions ou les sanctions qu'elle mérite.
Ceux qui étaient tourmentés par le sexe, continuent dans l'anxiété.
Ceux qui étaient des esclaves du plaisir, continuent de l'être.
Ceux qui étaient les esclaves de la haine continuent d'être affligés.
Ceux qui étaient les copains de l'illusion continuent d'être trompés.
Les menteurs sont perturbés par des images désordonnées.
Les amateurs de l'ignorance marchent en proie au trouble de ne rien savoir.
Il n'y a que les âmes éclairées et expérimentées dans la bataille rédemptrice qui avancent en liberté, jouissant du don de l'espoir parmi des sourires des réalisations.
Je compris le véritable sens de la Foi. Au lieu d'être la simple acceptation passive d'une croyance religieuse, il s'agit plutôt d'un programme d'ascension et de renouvellement intérieur.
Porter la pure lumière du Christianisme dans la pensée et dans le coeur correspond à un bienfait du Ciel que personne n'enfreindra impunément.
J'ai donc décidé d'écrire quelques pages sans souci littéraire, ni celui de présenter des solutions à la transcendance métaphysique, aux vieux problèmes de l'âme si bien étudiés et discutés depuis longtemps dans les Ecoles qui s'occupent de ce sujet.
Mon but était, simplement, d'alerter, en adressant à ma propre fille les notes maintenant réunies. J'ai laissé la pensée évoquer les scènes que j'avais vécues Au-delà de la mort, soutenue par les soeurs Liebe et Zelia, bienfaitrices infatigables qui se sont chargées, dès les premières heures, de soutenir mon âme troublée ; de me permettre d'entreprendre le long chemin du rétablissement spirituel.
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Jamais l'idée ne m'était venue d'écrire un livre ; je me considérais, comme je viens de le dire, incapable de le faire.
Soutenue par mon Guide Spirituel, il m'a été possible, cependant, de réaliser le minimum que j'offre maintenant au cher lecteur pour sa réflexion, en lui présentant mes excuses. Il s'agit de notes prises par un coeur pour un autre coeur qui, à son tour, s'achemine vers le tombeau. Ce sont des expressions que vous trouverez, vous-même, plus tard, que vous le veuillez ou non.
Il s'agit de rapports écrits avec des larmes et sous l'aiguillon de la souffrance. Je n'ai d'autre dessein que de réveiller quelqu'un encore dans la chair aux responsabilités de la vie au cours de la traversée de l'existence planétaire.
Veuillez donc me pardonner, lecteurs intéressés à l'approfondissement des connaissances, si je n'ai rien pu vous offrir à ce sujet.
Je garde la joie de vous apporter mes pages, encouragée par les expressions du Codificateur du Spiritisme lorsqu'il affirme "qu'on arrive à connaître un pays en interrogeant ses habitants de toutes les classes sociales..."
Celui-ci est le pays où je réside actuellement, résidence racontée par une mère qui, en avant-garde, avertit sa fille en route vers l'Eternité, en montrant le vieux chemin de l'Evangile, toujours d'actualité :
"FAIRE À AUTRUI CE QUE L'ON VOUDRAIT QUE L'ON FASSE À SOI-MÊME".
En remerciant Jésus et sa Mère très Sainte, dont je suis la soeur humble et reconnaissante,
Otilia Gonçalves.
Salvador, le 15 Janvier 1960