« Dans l'Eglise catholique, vous avez un sacrement que vous appelez « extrême-onction ». Les premiers chrétiens connaissaient l'onction des malades avec de l'huile, mais elle avait une autre signification que celle que vous donnez maintenant à l'extrême-onction. Vous n'administrez l'extrême-onction qu'aux malades en danger de mort afin de leur procurer le pardon de leurs péchés, l'amélioration de leur état restant un aspect secondaire. Les premiers chrétiens appliquaient l'onction des malades comme un remède physique, dont l'efficacité dépendait de la volonté d'amendement du malade. L'épître de Jacques dit : Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise (les anciens de la communauté) et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis. Confessez donc vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La supplication fervente du juste a beaucoup de puissance (Jacques 5 : 14 - 16).
Ceux que l'on appelait les anciens dans les premières communautés chrétiennes étaient les hommes qui avaient reçu beaucoup de grâces et de dons. Ils possédaient le don de guérison, la visite des malades étant un de leurs premiers devoirs. Par l'onction avec de l'huile et par la prière, ils transmettaient la force de guérison aux affaiblis. Par la prière, l'homme s'unit intiment à Dieu, source de toute force de guérison. Plus cette union est intime, plus la force qui émane de cette source est grande et remplit celui qui prie. Les guérisons du Christ t'ont appris que beaucoup de maladies sont des punitions pour les péchés commis, surtout pour des manques de charité envers le prochain. Voilà pourquoi le Christ répétait à ceux qu'il avait guéri : Te voilà guéri ; ne pèche plus, de peur qu'il ne t'arrive pire encore (Jean 5 : 14). Il fallait d'abord éloigner le péché qui causait la maladie. Le malade qui avait péché contre son prochain devait reconnaître son manquement et s'en ouvrir à celui qui en avait souffert. Le malade le faisait, au besoin, appeler au chevet de son lit et il tentait de se réconcilier avec son ancien ennemi. C'est pourquoi l'apôtre Jean dit : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, afin que vous soyez guéris. N'allez pas les confesser à quelqu'un d'autre ou à un prêtre, mais à celui que vous avez offensé ». Dès que le malade s'était réconcilié avec celui qu'il avait offensé, Dieu pardonnait aussi son péché au malade. La maladie disparaissait par la force de guérison de l'ancien qui, par la prière et l'onction de l'huile, la transmettait au corps du malade. L'apôtre Jean décrit ici la plus sublime des guérisons de malade qui peut exister. Il s'agit de la guérison qui soigne à la fois le corps et l'âme du malade. Qu'avez vous fait de cette onction des malades et de cette guérison ? Selon votre doctrine, il faut de l'huile bénie par un évêque. Seul un prêtre ordonné par un évêque peut pratiquer l'onction avec cette huile en récitant les prières prévues à cet effet. Et vous pensez que pareille onction produira le pardon des péchés. Vous administrez cette onction même à un malade qui a perdu conscience et vous croyez que, même pour un malade dans cet état, l'onction produit le pardon des péchés. Si vous réfléchissez, vous devez quand même vous dire qu'une telle onction ne peut avoir aucun effet sur l'âme d'un homme qui n'est plus conscient. Chez les premiers chrétiens, l'onction ne produisait pas non plus le pardon des péchés. Elle était l'occasion du pardon préalable des péchés par l'offensé et ôtait ainsi tout obstacle qui s'opposait à la guérison. Ainsi, l'onction devenait une force de guérison. Votre extrême-onction actuelle est presque toujours dépourvue des conditions préalables qui étaient requises dans les premières communautés chrétiennes. Ce qui fait que, dans la plupart des cas, l'extrême-onction est rabaissée à une cérémonie purement extérieure, sans véritable effet intérieur. »