QUELS ESPRITS PEUT-ON ÉVOQUER ? Les Esprits non incarnés ne savent qu'en raison de leur degré d'avancement. – Le développement moral entraîne le développement intellectuel. – Le Médium doit s'efforcer d'obtenir l'envoi des Esprits supérieurs. – Ce qu'il doit faire pour cela. – Peut-il évoquer tous les Esprits ? – Sous quelles conditions ? 85. – L'erreur la plus dangereuse dans laquelle pourrait tomber un Médium à raison des erreurs où une telle opinion pourrait l'entraîner, serait de croire que tous les Esprits non incarnés ont des connaissances qui leur permettent de répondre à toutes les questions, alors même qu'elles seraient comprises parmi celles que nous indiquerons au chapitre suivant comme pouvant être posées aux Esprits. – C'est là (nous ne saurions insister trop vivement sur ce point) une erreur contre laquelle il convient de se prémunir : L'Esprit ne sait que ce qu'il a mérité de savoir à raison du degré d'avancement auquel il est parvenu. Et comme nous exprimions un jour notre étonnement de ce qu'un Esprit dont les connaissances paraissaient limitées pendant son incarnation pût les voir se développer presque instantanément dans des proportions considérables, si, d'ailleurs, il avait mérité, à son retour dans la vie spirite, d'être attaché à des mondes supérieurs : « Cela est tout naturel, nous fut-il répondu, l'Esprit, qui appartient aux mondes supérieurs, n'a qu'à ouvrir son intelligence pour voir et comprendre. »
Il n'est donc pas plus indifférent pour le Médium d'être en rapport avec un Esprit de n'importe quel ordre, qu'il n'est indifférent pour l'homme qui désire un renseignement sur un fait scientifique, d'interroger un des princes de la science ou un ignorant. Le Médium qui pose à un Esprit inférieur des questions d'un ordre supérieur commet une inconséquence analogue à la première. L'Esprit répondra peut-être, mais comme, répondrait l'ignorant et parce qu'il ne voudra pas paraître ignorer. – Là n'est point le danger ; il n'existe pour le Médium que dans le cas où, sans contrôle, il ajouterait foi à ce que dirait tout Esprit, par cette raison qu'étant non incarné celui-ci doit tout savoir. Les bons Esprits qui ne sont encore parvenus qu'aux premiers degrés de la période de récompense n'ont eux-mêmes que des connaissances très limitées par rapport aux Esprits des degrés supérieurs. Seulement, avec eux, le Médium n'a rien à craindre, car s'ils ignorent ce qu'on leur demande, ils répondront : je ne sais pas. 86. – De ce qui précède, il résulte qu'il y a lieu pour le Médium de se préoccuper d'autre chose que d'obtenir une communication d'un Esprit quelconque. Il faut qu'il s'efforce de mériter d'être mis en rapport avec les Esprits d'un ordre élevé ; c'est pour cela que le Médium doit, avant tout, placer son évocation sous l'égide de la prière, – cette force des faibles ! – supplier Dieu d'éloigner de lui les Esprits imparfaits jusqu'au jour où il pourra leur être efficacement utile ; – évoquer enfin, dans les commencements surtout, un Esprit familier, et en particulier celui auquel chacun de nous est confié, car, ainsi que nous le verrons, nous avons tous un Esprit gardien, un Paraclet chargé de nous assister. Que le lecteur suspende son jugement sur le rapprochement de ces mots, car il verra dans la seconde partie de ce livre la preuve de ce que nous avançons. 87. – Mais, dira-t-on, le Médium peut-il évoquer les Esprits les plus élevés de la hiérarchie ? Si nous exceptons, par respect, certains Esprits tellement haut placés que, sans un ridicule orgueil, personne ne peut se croire digne d'entrer en rapport avec eux, nous répondrons : en principe, oui, les Esprits de l'ordre le plus élevé peuvent être évoqués, mais à trois conditions : La première, c'est que le Médium se sera préparé à l'évocation par la prière, et par une prière d'autant plus instante, que la faveur demandée sera plus grande ; La seconde, c'est que le but de l'évocation sera digne de l'Esprit évoqué ; La troisième, c'est que le Médium sera arrivé à un développement suffisant de sa faculté pour recevoir facilement les communications des Esprits ; car il y aurait inconvénient dans l'appel qu'il ferait d'un Esprit supérieur pour diriger ses premiers essais d'écriture. Le Médium peut-il évoquer l'Esprit des personnages anciens ? Oui encore, pourvu que l'évocation ait un but digne de la révélation spirite. – Cependant, avant de faire de semblables évocations, le Médium devra avoir acquis une certaine expérience, et lorsqu'il l'aura acquise, nous lui ferons une recommandation : Avant d'évoquer l'Esprit de l'un de ces personnages, qu'il demande à son Esprit familier s'il peut et s'il doit faire l'évocation. S'il peut, car il serait possible que l'Esprit évoqué fût réincarné ; s'il doit, car l'Esprit sera juge de l'appel et de ses motifs.