Le spiritisme ne peut avoir pour but de conduire l'homme à l'erreur. – Evocation des Esprits sous l'égide de la prière. – Si le spiritisme est un mensonge, Dieu n'est pas Dieu. – But du spiritisme expliqué par les Esprits. – Pourquoi le spiritisme n'a pas été envoyé plus tôt à l'homme. – L'enseignement mosaïque et l'enseignement chrétien. – Les Esprits commentant l'enseignement chrétien. 116. – Ceux qui, jusqu’à présent, n'ont vu ou n'ont voulu voir dans le spiritisme que des phénomènes dégagés de toute cause intelligente, que des objets matériels tournant, s'agitant au contact de certaines personnes, se sont demandé : Pourquoi ces objets se mettent-ils en mouvement ? Pourquoi s'agitent-ils ? – Et ils se sont répondus : Ils tournent et s'agitent, parce qu'il se dégage de certains individus un fluide qui, comme le fluide électrique, produit des effets matériels sur différents corps. I1 n'y a donc là qu'un phénomène naturel (ce sur quoi nous sommes d'accord) mais uniquement physique (ce sur quoi nous différons) – ce qui exclut toute idée d'une cause intelligente imprimant un mouvement à ces corps, et utilisant ces mouvements comme signes représentatifs de la pensée. D'autres, admettant l'intervention d'êtres incorporels dans la production des phénomènes spirites, mais se figurant que tous ces êtres sont supérieurs aux humanités, ont tiré de leur erreur cette conclusion : que ces êtres ne pouvant s'abaisser pour entrer en communication avec l'homme, jusqu'à se servir de moyens qui, dans leur opinion, sont peu en rapport avec leur dignité prétendue, les phénomènes auxquels ils veulent bien reconnaître d'ailleurs une cause intelligente ne sauraient être que l'oeuvre de ce qu'ils nomment les démons. Ce système auquel nous avons répondu est celui qui a été professé par un grand nombre de Prélats, par la plupart des Théologiens, en particulier par M. l'abbé Poussin, professeur au séminaire de Nice, dans le livre dont nous avons cité quelques extraits.
D'autres personnes enfin admettent la production par les Esprits des phénomènes auxquels nous faisons allusion. Elles admettent également qu'à l'aide de ces phénomènes, dont souvent elles sont les intermédiaires, les Esprits puissent donner une forme à leur pensée ; – que par le moyen de l'écriture, notamment, il leur arrive des enseignements sur la vie d'outre-tombe, des conseils de la moralité la plus pure à côté de communications insignifiantes, ce qui d'ailleurs n'est pas plus surprenant que ce que nous rencontrons dans la vie ordinaire où nous sommes exposés à entendre des choses ridicules à côté de conversations sur des sujets élevés. Malheureusement, ces personnes n'ayant point le temps, et peut-être moins encore la patience d'approfondir le monde de questions morales et philosophiques qui surgissent du principe même de la nouvelle doctrine, se contentent de croire d'une manière générale aux Esprits, à leurs rapports avec l'homme, sans chercher à s'assurer, à l'aide de ces rapports, si le fait qui se produit au XIXe siècle avec un caractère de généralité qu'il n'avait pas eu dans les siècles précédents, n'a pas sa signification, son but, et si ce fait ne peut pas être tourné directement à leur avantage en leur permettant d'asseoir leurs croyances philosophiques. De là un certain vague dans leurs idées et, comme conséquence, une sorte d'indécision dans leurs actes. Elles font, en effet, ce que ferait un individu qui, découvrant un filon d'or, se contenterait d'en retirer les pépites apparentes, sous prétexte qu'il lui faudrait se donner de la peine pour atteindre les autres. 117. – Que les Anciens crussent aux Esprits ; – que dans leurs mystères ils révélassent aux initiés les moyens d'entrer en rapport avec eux ; – que cette croyance aux Esprits, que cette connaissance des modes d'évocation aient passé de l'Inde en Egypte (ce qui est probable), toujours est-il qu'au temps de Moïse nous les trouvons établies dans ce dernier pays, d'où elles furent importées par les Hébreux dans la Terre Promise ; – que, plus tard, les Grecs soient venus puiser à la même 50 source les mêmes enseignements qu'ils ont transmis aux Sibylles de Rome ; – que peu de temps après Jésus, nous rencontrions tout d'abord Simon le Magicien et Apollonius de Thyane entretenant des rapports avec les Esprits ; – qu'au IIe siècle, le grand Origène ait professé dans son ensemble la doctrine spirite ; – qu'au commencement du IIIe, Plotin, au commencement du IVe, Jamblique, se soient livrés, comme tous les philosophes de l'Ecole d'Alexandrie, à l'évocation des Esprits ; – que grâce aux persécutions de Constantin, aux décisions de Conciles passionnés appelant sur ceux qui interrogeaient les Esprits toutes les rigueurs du pouvoir 51 temporel, ces traditions poursuivies par la puissance sacerdotale unie à la puissance séculière se soient affaiblies pendant le moyen âge, grâce à la terreur qu'inspiraient les bûchers ; – qu'elles n'aient été conservées durant cette période d'ignorance et comme un vague souvenir que dans les classes inférieures, jusqu'à l'époque de la Renaissance des lettres qui fut le commencement de l'émancipation de la pensée ; – qu'au XVIIIe siècle, recueillies par les Camisards, elles aient dû à ces réformateurs un développement qui ne fut arrêté que dans des flots de sang, – ce sont là des faits authentiquement prouvés . 52
Mais un fait qui n'est pas moins incontestable, c'est que, depuis un siècle, il n'était plus question de ces phénomènes qui se produisent aujourd'hui sur tous les points du globe et par l'entremise de tant de Médiums. Or, si ces phénomènes se manifestent aujourd'hui en aussi grand nombre et avec une recrudescence que l'on peut constater aux grandes époques de transformation ; si après avoir existé sous une forme ou sous une autre (peu importe laquelle, pourvu que leur cause ait été la même), ils ont cessé d'exister pour recevoir de nos jours une extension inconnue jusqu'ici, ou il faut nier Dieu, ou il faut admettre que ces faits ont leur raison d'être actuelle, comme ils ont eu dans le passé leur raison d'intermittence. 118. – Cette raison d'être actuelle, quelle peutelle être ? Est-elle due à la découverte fortuite que l'on aurait faite de la disposition oubliée pendant des siècles qu'ont certaines personnes de pouvoir communiquer par le contact le mouvement à un corps inerte, ou de faire sortir de ce corps des bruits ou des craquements intérieurs ? Est-elle due à la découverte tout aussi fortuite du pouvoir qu'ont certaines autres de tracer, sous l'influence d'une force invisible, des caractères qui, alignés, représentent des mots et se traduisent en explications, quelquefois en belles pensées sur des sujets de morale et de philosophie ? Ce fait qui s'est produit à son jour, à son heure, mais qui n'a pu se produire que par la volonté de Dieu se traduisant par une loi générale, n'aurait-il d'autre motif que de mettre à la disposition de l’homme un moyen de donner naissance à des phénomènes, naturels il est vrai, mais inexpliqués dans leur essence, sans autre résultat, pour celui-ci, que de satisfaire une vaine curiosité, et, pour celui-là, que de l'amener d'autant plus fatalement à l'erreur que sa confiance en Dieu sera plus absolue ? Supposer que Dieu a permis aux Esprits d'entrer en rapport avec l'homme pour donner à celui-ci la satisfaction de faire en quelque sorte des tours de force, serait le comble de l'absurdité ; – supposer qu'il leur a donné ce pouvoir afin de le conduire plus facilement à l'erreur, serait un blasphème. Quoi ! tous les Esprits qui témoignent de sentiments bienveillants pour leurs frères incarnés recommandent aux Médiums de placer leur évocation sous l'égide de la prière ; – ils vous disent que, pour devenir Médium, le seul moyen c'est encore et toujours la prière ; – que si vous ne joignez le nom de Dieu à l'évocation, les bons Esprits n'entreront pas en rapport avec vous ! Et ce serait en réponse aux supplications qui lui seraient adressées ; ce serait lorsque l'homme le conjurerait de permettre à la vérité de descendre jusqu'à sa faiblesse, que Dieu lui enverrait pour réponse... Quoi ? un moyen de le tromper !... Cela ne se discute pas.
119. – Ce but que nous étions loin de soupçonner, nous qui ne voyions en Jésus qu'un philosophe, dans sa doctrine qu'une idée féconde recueillie et développée par des hommes de talent, mais dont, plus tard, les Esprits nous ont fait comprendre le rôle dangereux, nous l'avons demandé aux Esprits supérieurs qui, bien souvent, dans l'intérêt de ce travail, ont daigné se communiquer à nous. – Il nous a été indiqué. Dans quelles conditions ?... Après que, prosterné devant Dieu, nous l'avions supplié de laisser descendre jusqu'à nous la vérité ! Or, nous n'hésitons pas à le déclarer : si notre main, mue par une force indépendante de notre volonté, avait pu, dans les conditions où nous nous sommes placé, écrire des choses contraires à la vérité ; – si, par conséquent, lorsque, plein de foi et de confiance, nous venions de l'invoquer, de le supplier de laisser arriver jusqu'à nous la lumière, Dieu n'avait répondu à ces supplications qu'en nous envoyant le mensonge, nous serions en droit de ne plus croire à rien, de nier Dieu lui-même. Non. Dieu n'existerait pas, car il ne serait pas même juste. 120. – Nous extrayons d'un grand nombre de communications, dont quelques-unes figureront en entier dans le cours ou à la fin de ce volume, les passages suivants qui résument le but de la révélation spirite. Comme on va le voir, nous avons pris soin de présenter les déclarations d'Esprits qui, à l'état d'incarnation, ont professé des doctrines diverses. « ... Mais Dieu a eu pitié de votre humanité. Il a jugé, dans sa miséricorde, que le temps était venu de la ramener à la VRAIE doctrine de Jésus, et, pour vous mettre à même de dégager cette doctrine de ce que l'erreur y a ajouté, il vous a rendu la révélation spirite. »