CAUSES DE L’APPRÉHENSION DE LA MORT, Le ciel et l’enfer d’Allan Kardec, chapitre 3 et chapitre 8. (2)
(1) À mesure que l’homme comprend mieux la vie future, l’appréhension de la mort diminue ; mais en même temps, comprenant mieux sa mission sur la terre, il attend sa fin avec plus de calme, de résignation et sans crainte. La certitude de la vie future donne un autre cours à ses idées, un autre but à ses travaux ; avant d’avoir cette certitude, il ne travaille que pour la vie actuelle ; avec cette certitude, il travaille en vue de l’avenir sans négliger le présent, parce qu’il sait que son avenir dépend de la direction plus ou moins bonne qu’il donne au présent. La certitude de retrouver ses amis après la mort, de continuer les rapports qu’il a eus sur la terre, de ne perdre le fruit d’aucun travail, de grandir sans cesse en intelligence et en perfection, lui donne la patience d’attendre et le courage de supporter les fatigues momentanées de la vie terrestre. La solidarité qu’il voit s’établir entre les morts et les vivants lui fait comprendre celle qui doit exister, entre les vivants ; la fraternité a dès lors sa raison d’être et la charité un but dans le présent et l’avenir. Ajoutons à cela que tout, dans les usages, concourt à faire regretter la vie terrestre, et redouter le passage de la terre au ciel. La mort n’est entourée que de cérémonie lugubre qui terrifient plus qu’elles ne provoquent l’espérance. Si l’on présente la mort, c’est toujours sous un aspect repoussant, et jamais comme un sommeil de transition ; tous ses emblèmes rappellent la destruction du corps, le montrent hideux et décharnés ; aucun ne symbolise l’âme de dégageant radieuse de ses liens terrestres. Le départ pour ce monde plus heureux n’est accompagné que des lamentations des survivants, comme s’il arrivait le plus grand malheur à ceux qui s’en vont ; on leur dit un éternel adieu, comme si l’on ne devait jamais les revoir ; ce que l’on regrette pour eux, ce sont les jouissances d’ici-bas, comme s’ils n’en devaient pas trouver de plus grandes. Quel malheur, dit-on, de mourir quand on est jeune, riche, heureux et qu’on a devant soi un brillant avenir ! L’idée d’une situation plus heureuse effleure à peine la pensée, parce qu’il n’y a pas de racines. Tout concourt donc à inspirer l’effroi de la mort au lieu de faire naître l’espérance. Pourquoi les spirites n’appréhendent pas la mort ? (2) La doctrine spirite change entièrement la manière d’envisager l’avenir. La vie future n’est plus une hypothèse, mais une réalité ; l’état des âmes après la mort n’est plus un « système », mais un résultat d’observation. Le voile est levé ; le monde spirituel nous apparaît dans toute sa réalité pratique ; ce ne sont pas les hommes qui l’ont découvert par l’effort d’une conception ingénieuse, ce sont les habitants même de ce monde qui viennent nous décrire leur situation ; nous les y voyons à tous les degrés de l’échelle spirituelle, dans toutes les phases du bonheur et du malheur ; nous assistons à toutes les péripéties de la vie d’outre-tombe. Là est pour les spirites la cause du calme avec lequel ils envisagent la mort, de la sérénité de leurs derniers instants sur la terre. Ce qui les soutient, ce n’est pas seulement l’espérance, c’est la certitude ; ils savent que la vie future n’est que la continuation de la vie présente dans de meilleures conditions, et ils attendent le lever du soleil après une nuit d’orages. Pour les spirites, l’âme n’est plus une abstraction ; elle a un corps éthéré (périsprit) qui en fait un être défini, que la pensée embrasse et conçoit ; c’est déjà beaucoup pour fixer les idées sur son individualité, ses aptitudes et ses perceptions. Le souvenir de ceux qui nous sont chers se repose sur quelque chose de réel. On ne se les représente plus comme des flammes fugitives qui ne rappellent rien à la pensée, mais sous une forme concrète qui nous les montre mieux comme des êtres vivants. Puis, au lieu d’être perdus dans les profondeurs de l’espace, ils sont autour de nous ; le monde corporel et le monde spirituel sont en perpétuels rapports et s’assistent mutuellement. Le doute sur l’avenir n’étant plus permis, l’appréhension de la mort n’a plus de raison d’être ; on la voit venir de sang-froid, comme une délivrance, comme la porte de la vie et non comme celle du néant. (1) Le ciel et l’enfer d’Allan Kardec, chapitre 3 et chapitre 8. (2) Le ciel et l’enfer d’Allan Kardec, chapitre 10. SOURCE : CSLAK