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doctrinespiritenimes.over-blog.com

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Allan Kardec définit le Spiritisme comme une doctrine fondée sur l'existence, les manifestations et l'enseignement des esprits, possédant des lois morales et reposant sur une échelle spirite. Ce courant de pensée estime que les médiums peuvent communiquer avec les défunts, par l'utilisation d'une énergie spirituelle appelée périsprit. Fondé sur la croyance en Dieu, en la réincarnation et en la communication avec l'au-delà, le Spiritisme regroupe plusieurs millions d'adeptes à travers le monde. CHARTE - INFORMATIONS UTILES ET TRÈS IMPORTANT, Bien chers lecteurs, je conseille à toutes et à tous de bien lire la description du Spiritisme. Je vous rappelle que le Spiritisme n'a rien à voir avec la pratique médiumnique généralement répandue et utilisée à des fins matérielles, lucratives ou similaires. En conclusion, je vous déconseille d'adhérer à toute publicité à titre commercial (cabinets de voyance, etc.) La médiumnité est un don gratuit et non pas un marche-pied, donner gratuitement ce que Dieu a donné gratuitement. Bien à vous. Conseils d’un cercle Spirite : « Nous estimons qu’il est dangereux de s’aventurer à vouloir communiquer avec l’au-delà sans connaissances préalables. Lorsque l’on a une idée juste et suffisante des réalités spirites et médiumniques, on sait alors ce à quoi l’on s’expose en toute connaissance de cause. De plus, outre une formation théorique indispensable, une personne qui souhaite communiquer avec l’autre monde doit le faire dans le cadre d’un groupe structuré, expérimenté et averti qui saura faire face aux éventuelles difficultés, qu’il s’agisse des manifestations subconscientes ou d’interventions indésirables de mauvais esprits. En d’autres termes, nous déconseillons de pratiquer en dehors du cadre spirite. Régulièrement, nous recevons courriers et e-mails, provenant de personnes qui sont désemparées, face à des mauvais esprits (supposés ou réels) dont elles ne parviennent pas à se débarrasser. Nous ne pouvons décemment que les inviter à stopper toute expérience, afin que leurs désordres psychologiques, déjà évidents, ne s’aggravent pas davantage. Ainsi donc, Chers Correspondants, quelle que soit votre curiosité et votre soif d’expérience, ayez la sagesse de faire les choses dans l’ordre. Commencez par vous instruire, découvrez l’au-delà par la lecture des grands auteurs spirites, et ensuite, vous y verrez plus clair. » Allan Kardec entendit parler pour la première fois des tables tournantes en 1854 et fut tout d’abord très sceptique. Après avoir observé assidûment les manifestations des Esprits par la méthode expérimentale, il prit connaissance de cinquante cahiers de communications qu’il synthétisa et qui formèrent la base du livre des Esprits. Liens sources Centre Spirite : https://www.cslak.fr http://kardec.fr/index.php?lng=fr https://www.usff.fr https://www.cesakparis.fr


Léon Chevreuil ON NE MEURT PAS Preuves scientifiques de la survie, Les vies antérieures

Publié par Un spirite sur 23 Novembre 2022, 09:45am

Catégories : #ANDRÉ LUIZ, #Allan Kardec, #Ange gardien, #CHICO XAVIER, #Centre Spirite, #Croyance, #DIVALDO FRANCO, #Doctrine Spirite, #LÉON DENIS, #Médiumnité, #Philosophie Spirite, #Réincarnation, #Science, #Spiritisme, #VICTOR HUGO

Chapitre IV – Les vies antérieures

Je suis ta sœur invisible, je suis ton âme divine,
et ceci est le livre de ta vie.
Il renferme les pages pleines de tes existences passées
et les pages blanches de tes vies futures.
(Le Livre des morts)


L’âme est une entité distincte du corps ; c’est elle qui accompagne la partie essentielle de l’être au cours d’incorporations nombreuses qui sont nécessaires à nos évolutions. La majorité des hommes ont vécu dans la connaissance de cette vérité depuis Platon, et ils vivront demain dans la certitude scientifique que cette vieille philosophie ne les a pas trompés.
C’est le magnétisme qui est appelé à nous révéler ce fait que nous avons déjà vécu dans le passé. Les travaux de M. de Rochas, sur la régression de la mémoire, ont ouvert des perspectives nouvelles dont nous allons dire quelques mots.
Nous savions déjà qu’un sujet, reporté par les passes magnétiques à un état antérieur, à l’état d’enfance par exemple, se montrait docile à cette suggestion. Mais on croyait, généralement, que c’était là le phénomène banal qui incite un sujet suggestionné à accepter le rôle imaginé, du vieillard, du prêtre, du général, etc. Eh bien, à côté de ces rôles fictifs il y a des choses réelles ; ainsi tout le monde sait qu’on peut abuser du magnétisme pour tirer d’un sujet des
révélations véridiques, ou le forcer à livrer ses secrets. Tout n’est donc pas mensonge dans l’état hypnotique, et le sujet qui retourne au temps de son enfance joue un rôle qui est la répétition vraie des états antérieurement vécus par lui.
M. le colonel de Rochas, qui a été un expérimentateur remarquable, a apporté une innovation, en soumettant différents sujets à des épreuves méthodiques de régression de la mémoire, et en montrant la fidélité des tableaux ainsi reconstitués.
Par exemple, une jeune fille de dix-huit ans est ramenée progressivement en arrière, elle passe toujours par les mêmes phases, puis, lentement, par les mêmes voies, on la ramène à son âge vrai avant de la réveiller. A l’âge de sept ans elle va à l’école, elle commence seulement à écrire ; à cinq ans elle ne sait plus lire, ramenée au berceau elle tette. On peut aller même au delà, le sujet prend la position du fœtus dans le sein de sa mère.
Avec une orpheline qui avait été élevée à Beyrouth et dont le père avait été ingénieur en Orient, M. de Rochas a essayé la régression ; à dix ans elle se croit à Marseille, elle y était en effet à cet âge, et M. de Rochas ne le savait pas ; à huit ans elle est à Beyrouth, elle parle de son père et des amis qui fréquentaient la maison ; on lui demande comment se dit « bonjour » en turc, elle répond : « Salamalec », ce qu’elle a oublié à l’état de veille ; à deux ans, elle est à
Cuges en Provence, ce qui était exact ; à un an, elle ne peut plus parler, elle répond par signes de tête.
Mais voici où l’opération devient curieuse. Pour obtenir ces états de régression M. de Rochas faisait, sur son sujet, des passes longitudinales et, pour le ramener en sens inverse, des passes transversales. Au cours de ses expériences, il s’aperçut que, en continuant les passes transversales, le sujet pouvait dépasser son âge actuel, c'est-à-dire qu’il se voyait lui-même dans un temps à venir. Ici, il faut se méfier du rêve somnambulique, de la tendance qu’à toujours un sujet à satisfaire son observateur, de la possibilité d’un changement de personnalité ; les tableaux ainsi obtenus seront rarement exacts. Cependant, en 1904, un sujet
poussé vers l’avenir, donna un résultat exact. Je cite textuellement le cas d’Eugénie8.
– Je la fis ainsi vieillir peu à peu ; à l’âge de trente-sept ans (elle avait alors en réalité 35), elle manifesta tous les symptômes de l’accouchement et la honte de cet évènement parce qu’elle n’était pas remariée. Ceci devait se passer en 1906. Quelques mois après elle semble se noyer.
Je la fis vieillir de deux ans ; nouveaux symptômes d’accouchement. Je lui demande où elle est en ce moment : « sur l’eau », me dit-elle. Cette réponse bizarre me fit supposer qu’elle divaguait et je la ramenai à l’état normal.
Or, tout ce qu’elle avait prédit s’est réalisé. Elle a pris pour amant un ouvrier gantier, dont elle a eu un enfant en 1906. Peu après, désespérée, elle se jette dans l’Isère et on la sauve en la rattrapant par une jambe. Enfin, en janvier 1909, elle accoucha une seconde fois, sur l’un des ponts de l’Isère, où elle fut prise subitement des douleurs de l’enfantement en revenant de faire des ménages.
Ce fait est curieux, et il en faudra encore bien d’autres pour oser se prononcer, toutefois il fallait le mentionner. Les cas de régression sont plus intéressants et nous allons y revenir.
C’est un fait étrange, mais tous les sujets décrivent d’une façon identique leur recul au-delà de la vie présente. On les ramène à six mois, à deux mois, dans le sein de la mère ; ils prennent alors la position du fœtus ; continue la régression, les voilà dans l’espace ; une courte léthargie, et nous assistons à une scène nouvelle, l’agonie d’un vieillard. C’est le commencement de la vie qui a précédé l’incarnation présente qui se manifeste à rebours, et remonte, dans le temps, jusqu’à une incarnation encore plus ancienne.
Observons seulement le moment de la naissance ; que le sujet soit instruit ou non, c’est toujours la même vision. D’abord, avant la naissance, il se voit dans l’espace sous la forme d’une boule, ou d’un brouillard légèrement lumineux, et errant autour des organes de la mère ; tous voient, dans le ventre de la mère, le corps dans lequel ils vont s’incarner. Ainsi la
conception précède la prise de possession du fœtus par le corps spirituel, qui n’entre que peu à peu, « par bouffées » dira l’un des sujets, dans le petit corps. Jusque-là le sujet se voit comme s’il était placé à l’extérieur.
Un autre sujet, Joséphine, se dépeint ainsi entourant le corps de la mère et n’entrant qu’assez tard, et peu à peu dans le corps de l’enfant. Tous fixent à sept ans environ l’incorporation complète. Ceci est d’accord avec ce qu’ont toujours décrit les sensitifs lucides qui voient également le corps astral des mourants se dégager de leur corps physique, au-dessus duquel il semble flotter.
Mayo, reportée avant sa naissance, dit qu’elle n’est plus rien, elle sent qu’elle existe et c’est tout, mais elle se souvient d’avoir eu une autre vie. Ramenée en avant, quand elle revient au monde, elle dit que quelque chose l’a poussée à se réincarner, puis elle est descendue vers sa mère pendant que celle-ci était déjà grosse, et elle n’est pas entrée dans son corps physique que peu avant sa naissance et partiellement.
Pour ce qui est des vies antérieures elles sont à peu près incontrôlables, les déclarations des sujets contiennent des éléments d’erreurs et des vérités. Mais qu’avons-nous le droit d’exiger en pareille matière. Si une seule existence représentait la totalité de l’être, nous aurions le droit en évoquant cet être, d’exiger qu’il nous fit un rapport fidèle ; mais si nous avons plusieurs existences successives, ne se reliant pas entre elles puisqu’elles seraient coupées par
la mort, quelle peut être la situation de l’unité placée en dehors du temps vécu ? Quels peuvent être la qualité et le fonctionnement de cette mémoire ? Nous ne pouvons pas le savoir. L’interpolation et l’anachronisme peuvent légitimement se produire, comme une conséquence nécessaire des vies multiples.

Victor Hugo a dit9 : « Vous ne croyez pas aux personnalités mouvantes (c'est-à-dire aux réincarnations) sous prétexte que vous ne vous rappelez rien de vos existences antérieures.
Mais comment le souvenir des siècles évanouis resterait-il imprimé en vous, quand vous ne vous souvenez plus des mille et une scènes de votre vie présente ? Depuis 1802, il y a en moi dix Victor Hugo. Croyez-vous donc que je me rappelle toutes leurs actions et toutes leurs pensées ?
Quand j’aurai traversé la tombe pour retrouver une autre lumière, tous ces Victor Hugo me seront quelque peu étrangers, mais ce sera toujours la même âme ».
Eh bien, si le sujet, mis en état d’hypnose, retrouve les souvenirs oubliés de sa vie présente, c’est parce que l’âme, toujours liée à son état physiologique, y retrouve les éléments fonctionnels de la mémoire ; mais les personnages antérieurs sont forcément inexistants, il n’en reste que des souvenirs fragmentaires.
Un cas bien intéressant est celui de Mme J… obtenu par M. Bouvier à qui le colonel de Rochas avait communiqué ses expériences. Je ne puis en donner ici qu’une idée superficielle dans un résumé nécessairement trop bref 10.
Voici comment parle M. Bouvier de la première régression de son sujet arrivé au moment de la naissance :
« Avant la conception au moment où l’esprit est encore dans l’espace, il fait des efforts pour se soustraire à la force invincible qui semble l’attirer, puis remontant toujours dans le temps, il répond sur ce qu’il fait, quel est son mode d’existence jusqu’à ce que, de nouveau, il reprenne le corps qu’il a précédemment quitté pour rentrer dans une autre vie ; mais, chose curieuse,
chaque fois que je le fais pénétrer dans le sein de sa mère, il passe par la même phase caractérisée par la même attitude ».
Je dois faire remarquer, en passant, la constance du processus d’incarnation, quel que soit le sujet magnétisé.
Mme J… a trente-neuf ans. On a essayé, avec elle, de pousser l’expérience jusqu’à sa dernière limite, en la faisant remonter le plus loin possible dans le temps. On est allé, ainsi, jusqu’à sa douzième existence.
Dès sa première régression – deuxième vie – elle indique des noms propres qui ne se sont pas retrouvés, en des lieux dont la description est cependant exacte. Ainsi, à quinze ans, elle vient de quitter la classe des dames trinitaires de la rue de la Gargouille à Briançon. Une note de M. de Rochas indique qu’il y a bien une pension de petites filles, tenue par les dames trinitaires de la rue de la Gargouille, en cette ville. Mais le père de Mme J… naquit à Briançon, il a
quitté cette ville tout jeune, Mme J… naquit longtemps après dans une ville de l’Isère, sa mère n’a jamais habité Briançon et son mari, miliaire, n’y a jamais tenu garnison. Troisième vie. – Encore à Briançon, à dix ans elle donne la date de 1748.
Quatrième vie. – En 1702 à Ploërmel.
Cinquième vie. – C’est un soldat ; comme dans toutes les autres vies les tableaux se présentent en remontant le cours du temps, c’est la scène de la mort qui se présente d’abord. Il meurt d’un coup de lance.
D. – Où avez-vous reçu ce coup de lance et en quelle année êtes-vous ?
R. – A Marignan, nous sommes en 1515 (Pauvre Berry, tu es foutu).
D. – Avec qui êtes-vous ?
R. – Avec François.
D. – Qui François ?
R. – Le père, notre Seigneur et Maître parbleu, le roi de France.
D. – Comment vous appelez-vous ?

R. – Michel Berry.
D. – Contre qui combattez-vous ?
R. – Contre ces cochons de Suisses… etc.
Sixième vie. – Nous sommes en 1302. C’est une jeune institutrice ; à dix-huit ans, elle est
chez la comtesse de Guise.
D. – Quel est le roi ?
R. – Je ne sais pas, on dit que c’est le beau Philippe.
Septième vie. – Nous sommes en 1010 ; à quatre-vingt-sept ans, elle est abbesse, à soixante dix- sept ans, elle croit que la fin du monde va venir.
D. – Savez-vous quel est le roi ?
R. – Robert II.
A soixante-dix ans. D. – Quel est le roi ?
R. – C’est Capet.
A soixante ans, même demande.
R. – C’est Capet.
A quarante-cinq ans, c’est Louis IV.
A trente-cinq ans. D. – Quel est le roi ?
R. – Louis IV depuis déjà plusieurs années. On dit qu’il n’est pas beau, gros, bouffi, mais je
ne l’ai pas vu.
A vingt-quatre ans. D. – Quelle année sommes-nous.
R. – 947.
D. – Quel est le roi ?
R. – Louis IV.
A quinze ans, même question.
R. – Louis IV.
Huitième vie. – Chef de guerriers francs. Il a été pris par Attila, à Châlons-sur-Marne, et on lui a brûlé les yeux.
D. – Y a-t-il d’autres chefs au dessous de vous ?
R. – Il y a le chef tribun Massoée.
D. – Et au dessus ?
R. – C’est le chef des chefs, Mérovée.
D. – En quelle année êtes-vous ?
R. – 449.
D. – Connaissez-vous Dieu ?
R. – Il y a quelqu’un au dessus ; c’est Théos.
D. – Comment l’adorez-vous ?
R. – On lui donne des hommes que l’on brûle, c’est très beau.
Neuvième vie. – C’est un garde de l’empereur Probus.
D. – Quel pays êtes-vous ?
R. – A Romulus.
D. – Quelle année êtes-vous ?
R. – 27911.
A vingt-cinq ans. D. - Que faites-vous ?
R. – Suis à Tourino, avec ma femme.
D. – Qui vous a unis ?
R. – Le prêteur nous a unis… etc.

Dixième vie. – C’est une femme, elle s’appelle Irisée, elle voudrait aller vers les dieux, elle
sert le prêtre Ali.
D. – Dans quel pays êtes-vous ?
R. – Dans l’Imondo.
D. – Dans quelle année êtes-vous ?
R. – Ali dit qu’il ne faut pas chercher, les dieux savent… etc.
Onzième vie. – Enfant mort à huit, ans, sans importance.
Cette régression vers des temps passés est certainement curieuse, et il y a là un mystère qui n’est pas encore éclairci, mais l’hypothèse d’une reviviscence momentanée des souvenirs d’un esprit libéré du corps est certainement la moins invraisemblable des hypothèses émises jusqu’ici.
Il faut regretter que cette hypothèse n’ait pas plus souvent été envisagée comme pivot de l’observation. On remarquera, par exemple, le grand intérêt qu’il y aurait eu à faire subir l’expérience de la régression au cas de Miss Beauchamp relaté plus haut.
Nous exprimerons le même regret au sujet du médium observé par M. le professeur Flournoy, Hélène Smith. Le cas de ce médium aurait été bien autrement intéressant s’il avait été étudié en prenant pour base l’hypothèse des vies antérieures.
Il y a, dans le cas d’Hélène Smith, des particularités bien curieuses, qui ne semblent pas susceptibles d’être expliquées autrement qu’au moyen de quelques bribes de souvenirs personnels, provenant de vies antérieures et qui seraient remontés à la mémoire du sujet mis en état de somnambulisme lucide.
C’est dans cet esprit que je voudrais revenir sur l’ouvrage de M. Flournoy12, dont l’étude, bien connue de tous les psychologues, a été accueillie avec faveur dans les milieux scientifiques.
L’auteur écrit dans un esprit contraire à nos interprétations, ce nous est une garantie que nous pouvons accepter des faits que lui-même ne pouvait admettre à la légère. Seulement, M. Flournoy présente sa théorie d’abord, les faits ensuite, puis il fait rentrer les faits dans sa théorie. Il se déclare lui-même hostile à toute interprétation qui suppose l’intervention d’une intelligence étrangère. A cette seule pensée il éprouve, dit-il, une hilarité nerveuse, cela le met en gaieté. Quant aux mouvements de table, il déclare avec un certain cynisme : – Que des objets se meuvent ou ne se meuvent pas, cela m’est prodigieusement indifférent (p. 357).
C’est le caractère saillant de l’étude de M. Flournoy qui ne s’attache guère au phénomène en lui-même il analyse seulement son contenu ; la faculté de créer instantanément une langue imaginaire n’attire pas son attention, il démontre, avec raison d’ailleurs, que cette langue n’est pas authentique. Il faudrait pourtant expliquer comment des opérations d’une grande complexité peuvent se produire en dehors de l’action consciente. Nous savons qu’il faut se méfier des noms que se donnent les personnalités médiumniques pour répondre au désir des gens curieux, elles acceptent généralement le premier qu’on leur propose. Nous ne connaissons pas les personnalités de l’Au-delà, lorsqu’on a affaire à un manifestant sérieux qui s’attache aux expériences sérieuses il faut bien qu’il adopte un nom. L’esprit guide de Mlle Smith répondait au nom de Léopold, il a accepté plus tard la personnalité de Cagliostro qui, croyons-nous, lui a été suggérée.
Dans le cas de Miss Beauchamp, Sally était une personne hostile et malfaisante. Léopold, au contraire, est un esprit tutélaire, mais le processus physique de la possession apparente est toujours le même, difficulté d’adaptation de l’influence étrangère aux organes du médium.
Lorsque Léopold voulut écrire, ce fut une lutte de vingt minutes durant laquelle Hélène résista de toute sa force, tout fut inutile, Léopold lui arracha la plume, lui tordit le bras, la fit souffrir jusqu’à ce qu’Hélène, vaincue, pleurât et obéit. Mlle Smith qui avait l’habitude de tenir sa plume avec le doigt du milieu fut contrainte d’écrire avec l’index. Elle produisit aussitôt une écriture différente de la sienne, non seulement quant à la calligraphie, beaucoup plus grosse et
régulière, mais aussi quant à l’orthographe qui est du siècle dernier. Léopold ne manque pas une fois d’écrire j’aurois pour j’aurais, d’employer les termes archaïques ; si, d’aventure, il nomme rues de Genève, ce sera sou leurs noms anciens.
La même lutte recommencera pour s’emparer des organes vocaux ; ce ne fut qu’un an après la première tentative qu’il y réussit couramment. Ici, nouveau rapprochement à faire avec le cas de Sally qui bégayait affreusement à ses débuts. Hélène souffrit vivement dans la bouche et dans le cou, puis elle commença à causer d’une voix profonde et caverneuse, d’un accent
italien qui n’avait rien de commun avec le joli timbre habituel de sa jolie voix féminine ; et ce n’est pas seulement le son de la voix qui change, l’archaïsme se retrouve dans la parole comme dans l’écriture ; le vocabulaire s’émaille de mots désuets, fiole au lieu de bouteille…,
etc. Mais Léopold n’oublie point qu’il est Italien, il prononce les u en ou et ne se servira jamais d’un mot nouveau, disant omnibous pour tramway…, etc., tout cela d’une forte voix de basse, bien masculine et aussi italienne que possible (Des Indes, voir p. 110).
Pour le Dr Flournoy ce n’est là qu’un rôle bien joué, le personnage n’est qu’une modification d’Hélène, c’est une auto-hypnotisation. M. F. boit l’obstacle. L’auto-hypnotisation ne peut être l’action d’une volonté qui se connaît elle-même, c’est le mode ordinaire de l’action exercée sur soi-même, ou sur les centres moteurs, si on les considère en tant que distincts du moi. L’auto-hypnotisation ne serait, ici, qu’une marche à rebours, le moi veut écrire d’une
manière, la main veut écrire d’une autre et c’est la main qui triompherait du sujet, c’est la périphérie organique qui attaquerait le cerveau et lui imposerait ses mouvements. Nous ne comprenons pas l’automatisme dans ce sens-là.
Encore un mot sur Léopold, il possède une indépendance complète et, lorsqu’il annonce au magnétiseur que c’est lui qui est le maître, aucune suggestion n’y peut rien changer.
J’ai présenté le personnage de Léopold parce que c’est un type général. Tous les médiums sont ainsi un esprit-guide qui intervient dans les phénomènes. Mais ce n’est pas ce rôle qui m’occupe, je passe de suite aux faits de régression.
L’état phénoménal de Mlle Smith tend à reconstituer deux fragments de ses vies antérieures.
Le médium, ou son guide, attribue à Marie-Antoinette les réminiscences les plus récentes, et l’autre incarnation, dont les fragments d’ailleurs très incomplets reparaissent par intermittence, nous reporte à une époque beaucoup plus éloignée, au XVe siècle, dans l’Inde, où le sujet aurait incarné une princesse Hindoue.
Pour M. Flournoy ces faits sont des néoplasmes psychiques, il le déclare tout d’abord.
En pathologie, dit-il, les néoplasmes ont pour point de départ ces cellules restées embryonnaires qui se mettent soudain à proliférer, à se différencier. De même en psychologie,
il semble que certains éléments reculés et primitifs de l’individu, des couches infantiles encore douées de plasticité et de mobilité sont particulièrement aptes à engendrer ces étranges végétations subconscientes, sortes de tumeurs ou d’excroissances psychiques qui nous appelons des personnalités secondes.
Est-il besoin de faire ressortir ce qu’une pareille analogie a de fantaisiste. Le néoplasme pathologique n’arrive pas à terme, il demeure une monstruosité d’ordre inférieur. La personnalité seconde, au contraire, a des facultés de perception supérieures à celles de l’être intelligent dont il ne serait qu’une fraction. Et puis, pour être précis, M. Flournoy n’aurait pas dû rester dans les termes vagues de la psychologie. Ces néoplasmes, qui se détachent de la
personne principale, ne le peuvent qu’autant qu’ils emprunteront un organe pour se manifester. Chaque personnalité successive doit donc être représentée, dans le temps qu’elle agit, par des faisceaux de fibres motrices et sensitives ; ces néoplasmes, absolument étrangers à l’être principal, doivent avoir quelque part leur localisation. L’auteur l’a bien compris et il écrit : « Il devait être une bonne fois convenu que cette mécanique cérébrale est toujours sous entendue,
mais qu’on ne doit jamais en parler tant qu’on n’a rien de plus précis à en dire ».
Il faut en parler, au contraire, pour comprendre combien une pareille localisation appliquée aux faits, deviendrait grotesque. Je voudrais bien qu’on me montrât, même par hypothèse, les différentes places qu’occuperaient dans l’organisme plusieurs intelligences écrivant par la même main, sans mélanger leurs souvenirs ni leurs écritures, sans confondre leurs rôles qui
exigent chacun une orthographie spéciale et un parler différent, enfin sans embrouiller l’écheveau des créations complexes dont elles conserveraient le souvenir, puisqu’elles en reprennent la trame, sans jamais se couper dans la suite.
Flournoy sous parle de la finesse de choix, de la sensibilité raffinée, de l’art consommé quoi qu’instinctif qui préside au triage et à l’emmagasinement des souvenirs subconscients ; je voudrais bien voir le substratum de ces choses-là et savoir quel fut le noyau primitif de ces formations. Quelle dilatation joyeuse de notre rate…! Si jamais on traduit cela en langage physiologique. J’aimerais qu’on me parle de l’art consommé d’un bulbe rachidien, déployant toute sa ruse contre la finesse du glosso-pharyngien, lequel serait dupe de la sensibilité
raffinée du plexus solaire. J’aimerais voir la logique implacable d’un quadrijumeaux, combattue par la rhétorique de la moelle allongée ; car c’est là qu’il faudrait sérieusement en venir, c’est à un galimatias de cette espèce qu’on se trouverait acculé le jour où il faudrait préciser la théorie du néoplasme. Les savants avouent que ces choses-là échappent à la science positive. « La science idéale, disant Berthelot, varie sans cesse et variera toujours. » et
le psychologue Myers s’écrie dans un accès de franchise : « Nous nous trouvons toujours finalement en face de l’inexplicable et la plus Lamarckienne des réponses est en réalité aussi mystique que la plus platonicienne ».
La vérité est que nous ne pouvons concevoir, en nous, la présence d’intelligences supérieures
à la nôtre que si nous regardons l’homme comme une concrétion de tous les éléments
psychiques appartenant à ses vies antérieures. Alors cela constituerait la réserve – réserve purement psychique – de tout ce qu’il y a d’inconscient en nous. Notre individualité n’est que l’élaboration, partiellement consciente, d’un organisme beaucoup plus étendu qui représente la synthèse de toutes nos personnalités anciennes en voie d’intégration supérieure, et cela c’est la survie.
Hélène Smith ressusciterait ainsi des fragments de son passé. Dans le rôle de Marie- Antoinette elle atteint une perfection remarquable, si l’on en croit M. Flournoy :
Il faut voir quand la transe royale est complète, la grâce, l’élégance, la distinction, la majesté parfois qui éclatent dans l’attitude et le geste d’Hélène. Elle a vraiment un port de reine (p. 326)… Le mouvement plein de désinvolture dont elle n’oublie jamais à chaque contour de rejeter en arrière sa traîne imaginaire ; tout cela qui ne se peut décrire, est parfait de naturel et d’aisance.
Cette perfection de jeu qu’une actrice n’atteindrait pas sans étude ne s’arrête pas là.
L’orthographe ancienne coule aussi naturellement de sa plume : instans, enfans, j’étois…etc.
Le changement de voix se fait aussi naturellement et, dans cet état, elle ignore qui est Mlle Smith.
On voit, par là, de quelles qualités supérieures un néoplasme serait doué. Tandis qu’une régression automatique vers des fragments du passé n’exige aucune faculté transcendante, puisqu’au lieu de nécessiter un prodige d’astuce et d’adroit mensonge, il nous suffirait d’un mécanisme naturel semblable aux régressions obtenues par M. Janet, avec Léonie et Rose, et à
celles obtenues par M. de Rochas.
Si nous admettons la réincarnation, rien n’existe plus que la personne actuelle. Marie- Antoinette se comportant comme pourrait le faire la personne elle-même, est une chose dissoute, inexistante, il ne saurait jamais y avoir deux personnes dans une. La chenille et le papillon qui en est issu ne peuvent exister simultanément.

Je ne suis pourtant pas bien sûr que M. Flournoy n’ait pas prétendu faire échec à l’hypothèse, de ce fait qu’il réussit à faire attribuer, par le médium, les rôles de Philippe Egalité et du marquis de Mirabeau à MM. Demole et Auguste de Morsier, présentés comme tels.
Toute excitation actuelle ne peut recevoir qu’une réponse actuellement improvisée. Marie- Antoinette devenue demoiselle Smith, est incapable d’agir spontanément comme reine, mais Mlle Smith est capable de régression. La seule chose qu’elle puisse faire c’est d’agiter des clichés authentiques ; sa conscience somnambulique peut très bien se servir des images du
passé pour composer des arlequins mais, quoique le médium soit dépourvu de toute culture historique, ses clichés se sont toujours montrés vraisemblables, le style et l’orthographe sont du temps, les faits et les images conformes à l’histoire. Quoi de plus naturel que, parmi des images effacées, elle fasse revivre une scène de famille, où elle se voit avec ses trois enfants et Mme Elizabeth. Cette scène ramène le souvenir d’une innocente mélodie, assez archaïque,
couleur de l’époque.
Le chant d’une mère qui berce son enfant est, entre toutes actions, une de celles qui sont le plus susceptibles d’affecter le mécanisme de la mémoire.
Ces vieux clichés auraient demandé à être recueillis avec un soin religieux, pour ne pas fausser l’instrument délicat qui les avait enregistrés.
Si on avait pu se servir, ici, de la méthode de M. de Rochas, on aurait commencé par solliciter la collaboration de Léopold, seul maître des organes, on l’aurait amené par la persuasion, en lui faisant valoir d’immense intérêt de l’expérience, à s’y associer. Puis, le médium, une fois entrancé, au lieu de faire un bond difficile vers un temps trop reculé, aurait été amené, peu à peu, à remonter le cours de sa vie présente, serait rentré dans le sein de sa mère et l’intérêt eût
été de savoir si, dans l’Au-delà, à l’état d’esprit, il aurait retrouvé les mêmes traces de ses vies antérieures.
Au lieu de cela qu’a-t-on fait ? – On s’est amusé de Mlle Smith. – Au sortir d’une séance, où elle venait d’incarner la princesse hindoue, ou autre chose, on lui suggère brusquement le retour au rôle de Marie-Antoinette ; pourquoi faire ? – Pour faire descendre la reine à la salle à manger, où je vois qu’on lui verse des rasades de vie qu’elle vida coup sur coup, sans sourciller, alors que, à l’état normal, Mlle Smith est la sobriété même. Marie-Antoinette prend
le café, on la fait fumer..., etc. Comme nous voilà loin des procédés qu’il conviendrait d’employer à l’examen d’un mystère. Il est donc vrai, comme l’auteur l’avoue, que ce sujet ne provoquait en lui qu’une douce hilarité…? Hélas…!
La vérité est que, pour le savant professeur, il n’y avait pas de mystère, il croyait bien sincèrement à sa théorie du néoplasme pathologique et des expériences conduites de cette façon ne pouvaient pas s’élever contre sa théorie.
Ainsi on n’a observé aucun ordre dans la production des phénomènes ; et ce n’est pas par une série de régressions, mais brusquement que Mlle Smith rentre dans un cycle d’existence beaucoup plus ancienne, se rattachant à une incarnation qui aurait eu lieu dans l’Inde. Mlle Smith, dit le professeur Flournoy, est vraiment très remarquable dans ses somnambulismes hindous… on se demande avec stupéfaction d’où vient à cette fille des rives
du Léman, sans éducation artistique, ni connaissance spéciale de l’Orient, une perfection de jeu à laquelle la meilleure actrice n’atteindrait sans soute qu’au prix d’études prolongées, ou d’un séjour aux bords du Gange (Des Indes, p. 272).
Quoi qu’il en soit, voici les faits :
– Hélène, en état de somnambulisme, joue le rôle d’une princesse Simandini, fille d’un cheik arabe et femme d’un prince Indien Sivrouka Nayaca.
– Ce prince résidait à Kanara et y bâtit, en 1401, la forteresse de Tchandraghiri. Simandini à sa mort, fût brûlée vive sur son bûcher.

Parmi les personnes présentes, aucune ne connaissait ces noms propres lorsqu’ils furent cités ;
l’histoire de l’Inde est obscure, la liberté d’invention était complète pour le médium.
Cependant il se trouva que le Kanara était situé dans la province de Malabar, mais on ne trouva pas de Tchandraghiri, ou plutôt Flournoy en découvrit trois, mais ils ne répondaient, ni comme situation, ni comme date au thème du médium. Quant aux autres noms, d’abord introuvables, les savants et historiens consultés renoncèrent à en trouver la piste. Ce fut M.
Flournoy lui-même qui, un beau jour, tomba sur une vieille histoire de l’Inde où se trouvait le passage suivant : « Le Kanara et les provinces limitrophes du côté du Delhy peuvent être regardées comme la Géorgie de l’Hindoustan ; c’est là, dit-on qu’on trouve les plus belles femmes, aussi les naturels s’en montrent-ils fort jaloux ; ils les laissent peu voir aux étrangers.
Tchandragari, dont le nom signifie montagne de la lune, est une vaste forteresse construite en 1401 par le rajah Sivrouka Nayaca. Ce prince ainsi que ses successeurs furent de la secte des Djains » (de Marlès, Histoire générale de l’Inde ancienne. Paris, 1828, t.I, p. 268-269).
Pour M. Flournoy ce document s’écroule sous prétexte que la garantie de Marlès, comme historien, n’est pas de premier ordre. Si l’ouvrage avait été bon, il eût été plus répandu, il aurait pu vraisemblablement être la source d’un roman imaginé par la conscience subliminale de Mlle Smith. Mais ce mauvais livre, très rare d’ailleurs, est enseveli dans le plus profond oubli. Pour M. Flournoy, il s’écroule en tant que document historique, cela veut dire qu’il faut
chercher la source du roman, quand même dans le livre de Marlès ; mais qu’il faut se garder de lui supposer un fond de vérité. Cependant on n’avait encore trouvé aucun Tchandragari : ce fut M. Barth qui combla cette lacune en retrouvant un fort de Tchandraghiri situé dans le south Kanara, c'est-à-dire répondant aux conditions de temps et de lieu utiles à la
corroboration du roman.
Quant à l’impossibilité où s’est trouvée Mlle Smith d’avoir pu prendre connaissance du texte
de Marlès M. Flournoy appelle cela une objection d’ordre négatif. On ne connaît que deux exemplaires de cet ouvrage, tous les deux enfouis dans la poussière des bibliothèques, l’un à une association privée, dont jamais aucun membre ou ami de la famille Smith n’a fait partie, l’autre à la Bibliothèque publique où il faudrait avoir perdu le sens pour aller le consulter entre des milliers de livres plus intéressants et plus modernes (Des Indes… p. 283). Mais, dit le professeur : « extravagance pour extravagance, je préfère encore l’hypothèse qui n’invoque
que des probabilités naturelles à celle qui en appelle aux causes occultes ».
Ah… Voilà le grand mot lâché… Une cause occulte ! Mais je puis assurer M. Flournoy, que l’explication imaginée par lui d’une verrue psychique serait une cause occulte au même titre que la régression. Vous voyez l’occulte dans ce fait qu’un cliché ancien reparaîtrait dans un organisme nouveau ; mais c’est la seule explication que la science officielle veuille bien nous donner concernant certains phénomènes d’ordre purement biologique. Si vous acceptez que des aptitudes physiques se manifestent en nous, en raison des acquisitions ancestrales, je vois
bien moins d’obstacles à ce que des souvenirs latents aient la même origine.
Hélène nie avec une indomptable énergie, avoir pu connaître l’ouvrage de Marlès et nous savons bien quelles ressources offre l’hypnotisme pour découvrir le mensonge. Mlle Smith
élaborant un rêve à l’état somnambulique, il était facile d’en connaître la source ; cela n’a pas échappé au professeur qui le déclare très franchement.
« Il semble, dit-il, que le plus simple serait de profiter de l’état hypnotique des séances pour confesser la mémoire subconsciente d’Hélène et l’amener à livrer ses secrets, mais mes essais dans ce sens n’ont pas encore abouti ».
Bref, l’explication de M. Flournoy c’est le néoplasme, c'est-à-dire le fait d’une monstruosité psychique, de plusieurs monstruosités, nées spontanément, et dont les facultés dépassent de beaucoup celles de l’intelligence mère qui leur donna le jour. Il dit en effet : « Ce que le travail conscient et réfléchi est arrivé à faire, les facultés subliminales peuvent l’exécuter à un bien plus haut degré de perfection encore chez les sujets à dispositions automatiques » (Des
Indes, p. 273).
La voilà bien la verrue intelligente.
Si le livre de Marlès était la source du roman, le médium y aurait fait d’autres emprunts ; la mémoire automatique étant impeccable, il aurait écrit Tchandragari comme dans Marlès, des éléments secondaires, tels que la résidence de Mangalore, ne sont pas cités dans Marlès. Mais ce que le médium n’a pas pu y puiser c’est la connaissance du sanscrit. Hélène, en effet, parle
un sanscrit imparfait mais conservant un extraordinaire cachet de vérité.
M. Flournoy s’attaque à cette imperfection ; mais demander qu’une mémoire somnambulique, ayant franchit le pas de la mort, subsiste sans altération, c’est peut-être excessif. Avec de telles exigences on ferait échec à la théorie Darwinienne étendue jusqu’à l’homme en mettant Darwin, ou plutôt Huxley, au défi de nous mimer ses souvenirs d’anthropopithèque. Ce qui
peut rester dans le subconscient du médium ne peut être qu’une ruine, un vestige lointain. Le langage sanscrit d’Hélène n’est qu’un galimatias et cela doit être ainsi.
Il semble d’ailleurs que ce soit des textes recueillis à l’audition qu’on ait soumis à des orientalistes, et je songe à ce qu’écrirait, sous la dictée d’un Anglais, une personne ignorant la langue. Enfin, passons : malgré tout il y a des mots authentiques, quelquefois Hélène écrit et Léopold traduit une phrase quoique, dit-il, il ignore le sanscrit, mais il déchiffre la pensée d’Hélène qui, à l’état de transe, en a l’intuition. Un Orientaliste, M. de Saussure, a été prié d’examiner les textes ainsi interprétés, et il a contrôlé quelques fragments ayant bien le sens
indiqué par Léopold. Il y a des barbarismes, mais quelques mots sont reconnus comme irréprochables.
Bref, ces sont des bribes de sanscrit parmi lesquelles des mots intelligibles conservent quand même leur caractère. Ainsi les a abondent parce que la proportion de a, dans le sanscrit, par rapport à notre langue, est de 4 à 1. La consonne f n’apparaît jamais, quoique si fréquente en français, parce qu’elle est étrangère au sanscrit. N’est-ce pas vraiment remarquable ?
La princesse Hindoue, si elle a vécu, n’a plus aujourd’hui aucune espèce d’individualité, il n’y a plus qu’une jeune fille suisse qui, par un phénomène de régression hypnotique, retrouve quelques fragments de clichés anciens parmi lesquels des mots, incomplètement effacés de la mémoire, réapparaissent mécaniquement.
Mais si Hélène ne donne pas, de cette langue, une reconstitution limpide, les éléments du moins en sont corrects. C’est un édifice en ruines dont il subsiste quelques briques ou fragments de sculpture, lesquels ne mentent point au style de leur époque.
Le 6 mars 1885, notre médium accueillit le professeur par une salutation Hindoue : Atieyâ ganapatinâmâ, – ce salut au nom du dieu à tête d’éléphant qui, dans le panthéon Hindou, symbolise la science et la sagesse est un accueil intelligent, s’adressant particulièrement au professeur et au savant, mais M. Flournoy est impitoyable : « Aucune conjecture, dit-il, n’est trop triviale, ou trop sotte, quand il s’agit de phénomènes qui sont essentiellement de l’ordre
du rêve »13. Et en voici l’explication : – Comme on répond à un éternuement : « Dieu vous bénisse », l’auteur rapproche le mot atieyâ de l’onomatopée « Atiou » dont, selon lui, les enfants se servent pour imiter l’éternuement.
Si j’ai bien compris, cela voudrait dire que la conscience somnambulique d’Hélène avant de s’exprimer par : « Dieu vous bénisse », a été envahie par l’idée d’éternuement, cette association d’idée aurait amené le mot atieyâ, le hasard aidant, le reste est venu tout seul.
Quelle exégèse, grands dieux, quelle exégèse…!
Quant aux autres fragments, le professeur en attend l’explication de quelque heureux hasard semblable à celui qui lui fit découvrir le texte de Marlès qu’il persiste à considérer comme source initiale du rêve.

La mimique du personnage atteint une intensité d’expression étonnante, mais ceci est le caractère inhérent à tout état somnambulique. Seulement ces états, toujours ignorés de la conscience principale, sont ordinairement incapables de produire ce qui n’est jamais entré dans le sujet.
Nous ne pouvons croire à la formation subconsciente d’un langage qui contient certains éléments de vérité, et dont le sommeil hypnotique se refuse à livrer l’origine. En fait d’études linguistiques, Mlle Smith, qui est très intelligente, n’en possède aucune, elle a toujours détesté l’étude des langues et s’est montrée rebelle à l’allemand, que son père parlait couramment, et dont on lui a imposé des leçons pendant trois ans ; si donc ces fameuses excroissances psychiques ne faisaient que s’enfler des éléments apportés depuis l’enfance, ce seraient des
bribes d’allemand qui se manifesteraient dans la glossolalie.
Mais ne l’oublions pas, ce sujet n’a jamais été étudié au point de vue de la régression, l’hypothèse préconçue a toujours été celle du néoplasme psychique, c’est elle qui a servi de pivot aux observateurs. Aussi n’ont-ils pas pris garde d’éviter le mélange ; les états hypnoïdes présentent bien des phases et des degrés et on n’a pas toujours pris soin de mettre le médium dans l’état profond nécessaire à la reconstitution des images les plus lointaines. Si on a suggestionné le rêve Hindou au moment inopportun, par exemple quand Mlle Smith était en état de somnambulisme superficiel, ou lorsqu’elle venait de manifester des créations oniriques, il est évident que l’on aurait faussé les résultats. Les vies antérieures ne vont pas ressusciter d’elles-mêmes pour nous accabler de leur évidence, c’est aux observateurs de l’ingénier à les découvrir par des moyens plus subtils.
Je l’ai dit, à propos de Miss Beauchamp, c’est une grande témérité d’oser briser cette vieille conception philosophique de l’unité du moi pour admettre des créations spontanées qui n’auraient aucun support. Auto-hypnotisation, hypermnésie, ne sont que des mots ;
célébration inconsciente implique deux termes contradictoires ; créations subliminales générées sans le concours du moi… hallucinations téléologiques, c'est-à-dire illusion tendant à une fin réelle, couches subconscientes… couches infantiles… néoplasmes…
excroissances… verrues psychiques ! ... Fragiles hypothèses.
Ce sont de tels enfants sans père dont le pouvoir dépasserait les facultés humaines, ce ne serait
plus une conscience mais quatre, cinq ou six sous-consciences qui joueraient une farce aussi complexe, chacune ayant sa façon propre de voir, d’écrire, de parler, de barrer les t, de prononcer les u, sans jamais se confondre, sans omettre les formes archaïques du siècle passé, sans oublier la nationalité du figurant, ni son accent, ni son orthographe. Chose inouïe, ces êtres factices échapperaient à la suggestion hypnotique, ils prennent le pas sur le magnétiseur et ce sont eux qui hypnotisent le sujet, rectifiant, au moyen d’une suggestion auditive, l’erreur du sujet quand il a mal interprété une suggestion visuelle. Une intelligence humaine est absolument incapable de mener de front autant d’impostures.
A l’actif de ces personnages fictifs il faudrait mettre en outre beaucoup de phénomènes de lucidité reconnue, d’interventions utiles, de prévisions exactes. Ainsi on ferait des phénomènes deux parts, l’une, dans le domaine des faits contrôlables, serait sincère et véridique, et l’on classerait dans l’imposture subliminale les mêmes influences dès qu’elles s’exerceraient dans un domaine incontrôlable.
Tout cela dans la parti pris avoué de ne pas croire aux manifestations, de ne pas croire à l’action du passé sur notre sphère psychique, ni à l’action d’un magnétiseur invisible sur notre système nerveux.
Avant de nous imposer cette croyance à des néoplasmes de génie, on ferait bien de montrer quelques preuves de ce moi coupé en morceaux, de prouver que Léopold est une division d’Hélène et que celui-ci, divisé à son tour, produit des personnalités nouvelles qui sortiraient les unes des autres comme les étuis d’une lunette. Comment ces générations spontanées ont elles des connaissances, pourquoi ont-elles l’intelligence des idiomes ? La preuve incombe aux hypothèses nouvelles, on n’apporte même pas une justification de cette physiologie de l’âme, qui permet un sectionnement dont chaque partie serait supérieure au tout.
Le spiritualisme du moins, à défaut de preuves absolues, apporte une hypothèse explicative.
Et cette explication devient simple et normale, dès l’instant que nous admettons les relations de l’âme avec son passé.

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