XX
L'union fait la force ; soyez unis pour être forts. Le spiritisme a germé, jeté des racines profondes ; il va étendre sur la terre ses rameaux bienfaisants. Il faut vous rendre invulnérables contre les trais empoisonnés de la calomnie et de la noire phalange des Esprits ignorants, égoïstes et hypocrites. Pour y arriver, qu'une indulgence et une bienveillance réciproques président à vos rapports ; que vos défauts passent inaperçus, que vos qualités seules soient remarquées ; que le flambeau de la sainte amitié réunisse, éclaire et réchauffe vos coeurs, et vous résisterez aux attaques impuissantes du mal, comme le rocher inébranlable à la vague furieuse.
SAINT VINCENT DE PAUL.
XXI
Mes amis, vous voulez former une réunion spirite, et je vous approuve, parce que les Esprits ne peuvent voir avec plaisir les médiums qui restent dans l'isolement. Dieu ne leur a pas donné cette sublime faculté pour eux seuls, mais pour le bien général. En se communiquant à d'autres, ils ont mille occasions de s'éclairer sur le mérite des communications qu'ils reçoivent, tandis que seuls ils sont bien mieux sous l'empire des Esprits menteurs, enchantés de n'avoir point de contrôle. Voilà pour vous, et si vous n'êtes pas dominés par l'orgueil, vous le comprendrez et vous en profiterez. Voici maintenant pour les autres.
Vous rendez-vous bien compte de ce que doit être une réunion spirite ? Non ; car dans votre zèle vous croyez que ce qu'il y a de mieux à faire, c'est de réunir le plus grand nombre de personnes, afin de les convaincre. Détrompez-vous ; moins vous serez, plus vous obtiendrez.
C'est surtout par l'ascendant moral que vous exercerez que vous amènerez à vous les incrédules, bien plus que par les phénomènes que vous obtiendrez ; si vous n'attirez que par les phénomènes, on viendra vous voir par curiosité, et vous trouverez des curieux qui ne vous croiront pas et qui riront de vous ; si l'on ne trouve parmi vous que des gens dignes d'estime, on ne vous croira peut-être pas tout de suite, mais on vous respectera, et le respect inspire toujours la confiance. Vous êtes convaincus que le spiritisme doit amener une réforme morale ; que votre réunion soit donc la première à donner l'exemple des vertus chrétiennes, car dans ce temps d'égoïsme, c'est dans les sociétés spirites que la véritable charité doit trouver un refuge1. Telle doit être, mes amis, une réunion de vrais spirites. Une autre fois, je vous donnerai d'autres conseils.
FENELON.
XXII
Vous m'avez demandé si la multiplicité des groupes dans une même localité ne pourrait pas engendrer des rivalités fâcheuses pour la doctrine. A cela je vous répondrai que ceux qui sont imbus des vrais principes de cette doctrine voient des frères dans tous les spirites et non des rivaux ; ceux qui verraient d'autres réunions d'un oeil jaloux prouveraient qu'il y a chez eux une arrière-pensée d'intérêt ou d'amour propre, et qu'ils ne sont pas guidés par l'amour de la vérité. Je vous assure que si ces gens-là étaient parmi vous, ils y sèmeraient bientôt le trouble et la désunion. Le vrai spiritisme a pour devise bienveillance et charité ; il exclut toute autre rivalité que celle du bien que l'on peut faire ; tous les groupes qui l'inscriront sur leur drapeau pourront se tendre la main comme de bons voisins, qui n'en sont pas moins amis quoique n'habitant pas la même maison. Ceux qui prétendront avoir les meilleurs Esprits pour guides devront le prouver en montrant les meilleurs sentiments ; qu'il y ait donc entre eux lutte, mais lutte de grandeur d'âme, d'abnégation, de bonté et d'humilité ; celui qui jetterait la pierre à l'autre prouverait par cela seul qu'il y est sollicité par de mauvais Esprits. La nature des sentiments que deux hommes manifestent à l'égard l'un de l'autre est la pierre de touche qui fait connaître la nature des Esprits qui les assistent.
FENELON