Il n’y a pas de pertes (1), personne ne meurt pour toujours, personne ne disparaît, personne n’est acheminé vers une destination sans appel et définitive après la mort. Si l’amour nous lie à des êtres qui vivaient avec nous ici, les liens continueront après la mort, souvent plus fort et plus solide. Celui qui a aimé une fois continue d’aimer, si c’est vraiment de l’amour et pas de la passion. L’amour ne passe jamais. Comment peut-il passer, s’il est la propre essence de Dieu ? C’est pour cela que l’amour survit avec l’Esprit, car celui-ci non plus ne meurt jamais, il ne fait que changer d’état, comme disait Màrio de Andrade. La personne qui est partie de l’autre côté de la vie ne laisse pas ceux qui sont restés pour toujours. Il n’a fait que les devancer un peu, pour une raison qu’un jour nous connaîtrons. Quand arrive notre heure de partir, ceux qui nous ont précédés, s’ils nous ont vraiment aimés, seront là à nous attendre avec le même sourire de bonheur, la même accolade amie, le même cœur généreux. Ce n’est qu’une question de temps et de patience, d’acceptation et de sérénité. Les lois divines sont sévères contre la rébellion, l’impatience, la révolte, le manque d’acceptation de ce qui nous est prescrit. Il est très dur pour un couple de voir impuissants l’inexorable départ d’un fils unique, beau, intelligent, plein de vie et d’espoirs, récemment diplômé et qui avait devant lui un avenir prometteur. Bien que conscients (pour les spirites) des importants aspects du mécanisme des lois divines, il est vrai que nous souffrirons énormément et que nous mettrons beaucoup de temps pour se récupérer et reprendre le cours de notre vie à partir de ce point sensible où se fit le grand silence de la séparation. Sachant néanmoins que nous sommes ici que de passage, et bien qu’attristés et découragés, on acceptera, confiants, la détermination de la loi, car on sait qu’elle ne punit pas, elle corrige. Les défunts ne nous appartiennent pas, ils ne sont pas notre propriété privée, dont nous avons la possession et la jouissance, comme on dit dans les actes notariés. Ils sont nos compagnons de voyage et ils viennent parcourir une partie de la route avec nous, puis soudain ils s’en vont nous attendre un peu plus en avant dans le temps. Écoutons ce que Saint-Jérôme nous à ce sujet : « Vous nous l’aviez prêté Seigneur, vous nous le reprenez, nous vous le rendons le cœur brisé. Que votre volonté soit faite ! » Et Saint-Ambroise rajoute : « Le malheur de l’avoir perdu, ne nous fera pas oublier le bonheur de l’avoir possédé… ». Même convaincus de la continuité de la vie après la mort du corps, nous ne pouvons simplement ignorer la douleur, comme si on débranchait un circuit électrique en appuyant sur un interrupteur. L’Esprit sait et veut, mais comme le rappelle Luther : « La chair est faible et n’accepte pas, et c’est pour cela que la vision que nous en avons à travers elle est voilée par les larmes » Et plus loin : « Dieu voulait qu’elle revienne, qui suis-je pour dire non ? » Aucun mot n’apporte la consolation lors du départ d’un être cher. Seules les paroles de solidarité et de tendresse fraternelle peuvent aider. L’apaisement viendra plus tard, lorsque nous comprendrons et accepterons la mort comme ce qu’elle est vraiment : une séparation brève, et rien de plus(2). (1) Hermino C. Miranda, Nos Enfants sont des Esprits, p. 183 à 190. (2) Idem. SOURCE : CSLAK.