La prière est une rosée bienfaisante qui doit rendre moins aride la terre desséchée. Je viens vous le répéter, et j'y ajoute quelques mots en réponse à la question que vous adressez (*). Pourquoi donc, dites-vous, les Esprits souffrants vous demandent-ils des prières de préférence à nous ? Les prières des mortels sont-elles plus efficaces que celles des bons Esprits ? - Qui vous a dit que nos prières n'avaient pas la vertu de répandre la consolation et de donner de la force aux Esprits faibles qui ne peuvent aller à Dieu qu’avec peine et souvent avec découragement ? S'ils implorent vos prières, c’est qu'elles ont le mérite des émanations terrestres montant volontairement à Dieu, et que, celles-là, il les goûte toujours, venant de votre charité et de votre amour. Pour vous, prier, c'est abnégation ; pour nous, c'est devoir. L’incarné qui prie pour son prochain remplit la noble tâche des purs Esprits ; sans en avoir le courage et la force, il accomplit leurs merveilles. C'est le propre de notre vie, à nous, que de consoler l'Esprit en peine et souffrant ; mais une de vos prières, à vous, c'est le collier que vous détachez votre cou pour le donner à l'indigent ; c'est le pain que vous retirez de votre table pour le donner à celui qui a faim, et voilà pourquoi vos prières sont agréables à celui qui les entend. Un père n’accède-t-il pas toujours à la prière de l'enfant prodigue ? N'appelle-t-il pas tous ses serviteurs pour tuer le veau gras au retour de l'enfant coupable ? Comment ne ferait-il pas davantage encore pour celui-ci même s'il vient à ses genoux lui dire : « O mon père, je suis bien coupable ; je ne vous demande point grâce, mais pardonnez à mon frère repentant, plus faible et moins coupable que moi ! » Oh ! c'est alors que le père est attendri ; c'est alors qu'il arrache de sa poitrine tout ce qu'elle peut contenir de dons et d'amour. Il dit : « Tu étais plein d'iniquités ; tu t'es dit criminel ; mais comprenant l'énormité de tes fautes, tu ne m'as pas crié grâce pour toi ; tu acceptes les souffrances de mon châtiment, et malgré tes tortures, ta voix a assez de force pour prier pour ton frère ! » Eh bien ! le père ne veut pas avoir moins de charité que le fils : il pardonne à tous deux ; à l'un et à l'autre il tendra les mains pour qu'ils puissent marcher droit dans le sentier qui mène à sa gloire. Voilà, mes enfants, pourquoi les Esprits souffrants qui rôdent autour de vous implorent vos prières ; nous devons prier, nous ; vous, vous pouvez prier. Prière du cœur, tu es l'âme des âmes si je puis m’exprimer ainsi ; quintessence sublime qui monte toujours chaste, belle et radieuse dans l'âme plus vaste de Dieu ! SAINT AUGUSTIN. (*) la question était : « Les Esprits réclament sans cesse les prières des mortels ; est-ce que les bons Esprits ne prient pas aussi pour les Esprits souffrants, et dans ce cas pourquoi celles des hommes sont-elles plus efficaces ? » - Revue spirite août 1862