« PAISSEZ MES AGNEAUX, PAISSEZ MES BREBIS »
JUIN 1874
Pierre, m’aimez-vous ? — Oui, Seigneur, je vous aime ! — Paissez mes agneaux !
Pierre, m’aimez-vous ? — Oui, Seigneur, je vous aime ! — Paissez mes agneaux !
Pierre, m’aimez-vous ? — Oui, Seigneur, vous savez que je vous aime ! — Paissez mes brebis !!!
Triple affirmation de foi, triple devoir enseigné, triple engagement pris !
Examinez-vous bien, mes frères, cherchez au fond de votre conscience, où en êtes-vous ?... A la première, à la seconde, à la troisième promesse ? Avez-vous, traversant les épreuves, gagné votre troisième étape ? Qui êtes-vous ?... Que faites-vous ?
Parmi le bourdonnement humain, nous entendons toutes les sectes, je dirai presque tous les individus affirmer hautement et hardiment le bien qu’ils font.
Et, si à l’heure présente, le maître apparaissant, adressait à chacun d’entre vous la question qu’il posa trois fois à Pierre, votre réponse, je n’en doute pas, serait trois fois la même ; mais que dirait celui qui juge ?... Vous répondrait-il : « paissez mes agneaux, pratiquez les petites vertus du monde, suivez une religion commode et toute faite, reposez-vous sur le moelleux oreiller de la foi aveugle, couvrez-vous de l’épais manteau de la religion mondaine, marchez doucement dans le chemin facile laissant écarter les pierres par d’autres mains, arrivez portés par la quiétude, sans péril, sans fatigue... sans mérite ! »
Ou bien, Christ, vous jugeant dignes de comprendre sa pensée, vous voyant désormais grands et forts ajouterait-il à votre troisième serment la grande parole : « paissez mes brebis ! Paissez mes brebis », c’est-à-dire : enseignez ; c’est-à-dire : élevez le drapeau ; c’est-à-dire : voici grande ouverte la route spirituelle, entrez-y ! Paissez mes brebis, en suivant les pieds sanglants comme moi, le calvaire que j’ai monté ! Paissez mes brebis, c’est-à-dire : fatiguez-vous à la poursuite de cette vérité dont les rayonnements sont cachés jusqu’à présent par d’épais nuages ! Paissez mes brebis, c’est-à-dire : travaillez comme j’ai travaillé, travaillez avec moi !
Si le maître vous disait cette parole, ô mes frères, vous seriez bien heureux, car vous seriez jugés dignes de continuer son oeuvre ! Vous seriez à lui en tout et toujours, à lui par le remplacement de la matière en fluides spirituels ! A lui par le dégagement de tout ce qui n’est pas pur et par le rapprochement vers l’idéal ! A lui, par les grandes et fortes vertus, par l’abnégation qui s’immole sans plainte, par le travail qui se fait sans hésiter, par le devoir qui s’accomplit sans trembler !
Continuerai-je ma comparaison ?...
Combien de fois Pierre renia-t-il son maître ?... Hélas ! L’histoire le dit ! Et puisque, malgré tout,
Pierre est devenu un des soutiens du christianisme, puisque ce maître indulgent oublie la faute, lavée par l’amour et le dévouement, il y a lieu d’espérer que les fautes de ceux qui l’ont suivi pourront être rachetées de même ?
Quelque indignes que vous vous en sentiez, allez à Dieu, mes frères ; que votre volonté vous sorte pour un instant de ce monde misérable et puni ! Allez, montez, absorbez les fluides purs, saturez en votre être, et alors pour vous les difficultés disparaîtront, pour vous il n’y aura plus de blessures, car vous serez cuirassés par la paix intérieure. Alors vous gravirez la montagne, non plus courbés, mais droits et le regard fixé vers le but étincelant de lumière !
Donnez, oh ! Donnez sans compter, votre peine, votre travail, votre dévouement ! Tâchez d’être placés à la tête du troupeau et reposez-vous sur Celui qui ne trompe jamais ! Donnez beaucoup, mes frères et il vous sera rendu beaucoup !
Lacordaire.
QUE CELUI QUI EST SANS PECHE LUI JETTE LA PREMIERE PIERRE
JUILLET 1874
Jésus se tournant vers eux leur dit : « que celui d’entre-vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! »
Quel est l’homme qui peut affirmer n’avoir jamais failli ?...
Spirites, depuis le commencement de vos nombreuses existences, avez-vous toujours rempli la mission qui vous était imposée sans hésitation, sans faiblesse ?... — Du fond de votre conscience, répondez à ma question !
Celui qui seul fut parfait comprenait les faiblesses humaines, celui qui était saint d’esprit et de corps soulageait, guérissait, consolait !
Vous êtes ici-bas pour suivre cette trace lumineuse, vous devez non seulement admirer, mais imiter. Si donc, vous voyez autour de vous des faiblesses, si vous êtes appelés à juger la conduite de votre prochain, que ce soit toujours avec indulgence. Comme le modèle, ne repoussez pas le coupable, mais relevez-le et aimez-le d’autant plus que sa faute est plus grande.
Enfants, qu’est-ce que le mal, qu’est-ce que la faute sinon un état transitoire, un passage obscur ? Le mal, nous vous l’avons dit une fois, c’est la statue informe, travaillée par le sculpteur, c’est le bloc des passions tourmenté par le ciseau de la douleur !
Enfants, élevez-vous vers les sphères spirituelles, venez puiser là le germe de la vertu, et vous reviendrez sur terre le coeur ouvert, l’âme attendrie, embrassant dans un même et saint amour, l’être malfaisant, et l’esprit élevé ; tous sont voués aux mêmes destinées et le plus obscur, le plus pauvre, le plus laid est celui qui a le plus besoin d’être soutenu par ce sentiment divin, l’éclairant, le réchauffant, l’embellissant : l’amour éternel et universel !
Bernard.
LE CIEL
JUILLET 1874
Libre foi, libre conscience, libre travail, voilà la vie spirituelle, voilà le ciel ! Car enfin, qu’est-ce que le ciel, dont on parle si souvent, et comment vous le figurez-vous ?...
Est-ce le repos complet, le repos absolu, le repos abrutissant ; est-ce la contemplation continuelle, la béatitude fatigante ? Est-ce la satisfaction de désirs bien souvent vulgaires ?... — Oh ! Non, le
ciel c’est le bonheur, et le bonheur c’est le travail, le travail incessant, la faculté d’agir sans cesse, de donner toujours avec la possibilité de reprendre ailleurs l’équivalent.
Le bonheur, c’est le pouvoir de plonger dans l’océan des fluides spirituels, d’en saturer son être et de venir donner aux pauvres, donner aux affligés, donner aux ignorants ce qui manque sur la terre et que l’on trouve dans la patrie !
Amis, je vous engage à chercher ce bonheur, à l’acheter par tous les moyens possibles. Vous en avez l’avant-goût sur la terre avec le désintéressement complet, avec le dévouement, avec le travail assidu à la recherche de la vérité. Quand la terre aura conquis toute la somme de bonheur qu’elle peut recevoir, elle aura la liberté et tous ses privilèges, elle aura la science, elle aura la paix, elle aura complète, la faculté d’aimer !
Egmont.
LE DEVOUEMENT
JUILLET 1874
Le dévouement est, dites-vous, chose difficile, pourtant, c’est la condition indispensable de l’avancement de l’esprit. Un dévouement fait des miracles que ne feront pas tous les dévouements réunis des adeptes à une cause, des travailleurs à une oeuvre sérieuse ?...
Oui, enfants, le dévouement ! Ce dévouement simple et grand qui s’oublie, et s’ignore lui-même !
Oui, le travail ! Oui, la peine avec l’épreuve, mais la réussite, mais les résultats, les fruits, doux à cueillir, un jour !
Je dis que le moment approche où votre chère doctrine aura besoin d’être vigoureusement soutenue, hautement affirmée et sainement aimée ! Spirites, élevez donc vos coeurs, et apprêtez-vous comme Christ votre modèle à résister aux tentations qui viendront vous environner.
Les richesses de la terre ne sont que fumées, elles passent, mais le trésor précieux que rien n’entamera jamais, c’est votre mérite !
Vous croyez peut-être que nous vous demandons beaucoup ? O mes enfants, quand vous serez dégagés et clairvoyants, vous vous trouverez tout honteux d’avoir si peu fait et vous remercierez le maître miséricordieux qui souvent ne récompense que pour la bonne volonté !
Le Guide du Médium.