LUTTONS POUR LE PROGRES
JUILLET 1874
Quand on s’est imposé une tâche, coûte que coûte on doit la finir.
Si pour résoudre une question scientifique, un homme est capable de supporter des années de fatigues, de misères et de souffrances, quels ne doivent pas être votre énergie, votre courage à vous, spirites, qui marchez au devant de la vérité ?
Quand on travaille, on ne doit avoir qu’un désir : finir sa tâche !
Quand on voyage, on ne doit avoir qu’une pensée : s’instruire en faisant la route ! Quand on cherche, on ne doit avoir qu’un but : trouver !
Travailleurs, voyageurs, chercheurs vous êtes ! Que serez-vous dans l’avenir, que voulez-vous être ? — Des propagateurs, des apôtres de la vérité ?... Eh bien, moi je vous dis aujourd’hui qu’on n’obtient rien sans peine et qu’il faut la plupart du temps payer une jouissance, une satisfaction, un résultat par dix souffrances !
Faites votre compte, et voyez où vous êtes !
Je viens ici, poussé par ce sentiment de solidarité qui unit tous les travailleurs à la même oeuvre : le progrès ; ce progrès qui n’est pas une utopie et qui doit être poursuivi par tous ceux qui sont assez heureux pour en comprendre l’importance ; ce progrès qui est toujours la même grande et divine idée, qu’il s’applique à la moralisation des peuples ou à leur instruction par le développement de la science. L’espoir de soutenir vos courages qui se penchent quelquefois comme certaines fleurs de contrées étrangères m’amène aussi vers vous, car je puis vous dire : j’ai fait, j’ai travaillé, j’ai souffert ; mais je tiens la récompense, je tiens la certitude ! Vous ferez comme moi et vous arriverez comme moi !
Docteur Livingstone.
PURETE DES ACTES ET DES PENSEES
JUILLET 1874
Enfants, réglez tous vos actes, toutes vos paroles, toutes vos pensées de manière à vous savoir constamment sous l’oeil de Dieu ! De Dieu parfait qui ne doit point voir l’imperfection ! Vous avez pour mission sur terre de donner l’exemple du dévouement vrai, simple et grand dans toutes les positions. La famille spirite doit servir de modèle par tous ses nombreux enfants ; depuis Christ, le parfait spirite, se donnant, se dévouant au rachat des humanités, jusqu’à l’humble et pauvre homme, bon de coeur, simple de pensée et comprenant assez Dieu pour aimer jusqu’à l’insecte !
Spirites, les premiers adeptes de votre doctrine sont bien près de Dieu, car ce n’est pas de l’époque présente que vous datez ; vos croyances rayonnent dans tous les mondes et vous n’êtes ici-bas qu’une petite partie de ce vaste choeur qui produit la divine harmonie.
Qu’êtes-vous ?... — Des enfants, mais les enfants deviennent hommes, c’est-à-dire forts, et les hommes vieillards c’est-à-dire sages !... — Des germes, le germe devient plante et la plante porte le fruit ! Incarnés aujourd’hui, esprits demain, voilà votre destinée !
Enfants, vous serez bons quand vous saurez aimer ! Vous serez parfaits quand le dévouement ne sera plus pour vous un devoir, mais un bonheur !
Le vrai bonheur n’est pas au dehors de l’être, il est avec lui et il en possède le germe. Hâtez donc l’éclosion de ce germe, le développement de cette plante et vous en aurez plus tôt le fruit !
Un Esprit protecteur.
SOYEZ PARFAITS COMME MON PERE EST PARFAIT
JUILLET 1874
Oeuvre de dévouement parfait, oeuvre d’aplanissement, oeuvre de lumière, oeuvre de guérison, voilà ce qu’il faut faire du spiritisme.
Vous, qui voulez entrer dans cet étroit sentier, souvenez-vous toujours qu’il faut laisser à l’entrée tout amour de soi-même. Seulement, sachez aussi que sous cette rude tâche la force est cachée, car tout être qui embrasse avec ardeur la cause de la vérité trouve en lui, les rayons et les forces vives.
Oui, mes enfants, oui, vous souffrirez encore, mais vous saurez vous élever assez pour mettre votre pensée au-dessus des assauts de la matière ; oui, vous pleurerez quelquefois mais vous serez, je l’espère, assez détachés pour que vos larmes soient séchées par le feu du fraternel
amour.
Le dernier mot de la perfection c’est le dévouement, et toujours, jusqu’à ce qu’elles soient comprises et pratiquées, nous vous répèterons ces paroles. Sur cette terre qu’entend-on généralement par ce mot perfection ? — Une bonté souvent très relative, un dévouement très restreint, qui consiste surtout à bien faire pour se sauver, pour être heureux soi. Une religion facile à pratiquer qui évite le travail de la pensée et empêche l’exercice de la raison, qui endort, qui paralyse un grand nombre d’aspirations hautes et nobles, une religion d’usage et, trop souvent hélas, un vernis dont on se couvre pour éviter la réprobation générale.
Mais telle n’est point la perfection, tel n’est point même le devoir d’un esprit éclairé. Suivant nous, tout sentiment grand, pur et saint doit se montrer, toute aspiration sublime doit être mise au jour, tout progrès doit être accompli, toute lumière doit être élevée !
S’aimer, se pardonner toujours, se soutenir mutuellement sans cesse, donner en tout l’exemple de la sagesse, de la justice, de la bonté, voilà quelle doit être la règle de conduite du vrai spirite ; voilà la vie après laquelle il trouvera toutes les satisfactions qui sont la conséquence du devoir rigoureusement et saintement rempli ; voilà la vie qui ouvrira à l’exilé les portes de la patrie, voilà comment sera opéré l’affranchissement complet de son esprit.
Quoiqu’il vous en coûte, il faut arriver là, marchez donc !
Lamennais.