LES LUNETTES DE LA RAISON
AOUT 1874
On a dit : « à demain les études sérieuses ! » Causons donc !
Me voici au milieu de vous, tout heureux, tout joyeux ! Qui êtes-vous, allez-vous dire, vous, esprit ami, qui venez nous apporter la joie ?
Oui, très chers amis, j’apporte à chacun de vous de quoi le rendre heureux pendant toute sa vie, j’apporte à chacun une paire de lunettes !... — Les lunettes de la raison ! Je vous entends d’ici ! — Eh bien non, non, mes amis, car je suis certain que vous les possédez depuis fort longtemps ?... Non, pas celles-là, mais les lunettes roses qui font aimer la vie et les vivants ?
Je vous entends souvent vous plaindre, je vous entends même crier famine, vous qui êtes en plein travail, en pleine moisson, vous qui pouvez si facilement avoir la paix et l’abondance. — Que
faut-il faire... dites-vous ? — II faut, chers moissonneurs, vous répéter souvent, que si le dos vous fait mal, que si vous prenez quelquefois les épines avec les épis, vos greniers se remplissent, ces immenses greniers éternels où tous les mérites trouvent de la place ! II faut vous dire que si la vie a des aspérités quelquefois très dures, elle vous fait faire de grands pas sur cette route de la patrie ou vous sont gardés tous les bonheurs !
Oui, croyez-moi, mettez mes lunettes roses et vous verrez tout s’éclairer et s’embellir autour de vous ! Mettez-les, et avec les yeux du coeur vous admirerez cette vie qui vous fait riches pour l’éternité et ces vivants qui par leur contact vous polissent et vous rendent bons ! Oui, mettez-les, et au lieu de travailler en pleurant, vous travaillerez en chantant, car avec elles vous verrez au-delà de la vie terrestre le doux avenir de repos et de liberté qui vous attend.
Et maintenant qui va dire mon nom, le nom du joyeux compagnon qui voudrait vous voir tous heureux, en paix et marchant vite ?...
Un petit effort, médium, et dites à ceux qui sont là que celui qui les salue ce soir c’est l’ami.
Jobard.
HEUREUX LES PERSEVERANTS
AOUT 1874
Heureux ceux qui auront marché jusqu’à la fin, heureux ceux qui auront persévéré, ils trouveront le secret que la science ne découvre que petit à petit à ceux qui travaillent sans cesse !
Chers disciples, combien de fois encore êtes vous assaillis par le doute, combien de combats intérieurs ne vous faut-il pas soutenir avec le préjugé, avec l’erreur terrestre ? Combien de fois encore vous demandez-vous avec angoisse si vous êtes dans le vrai ?... Cependant, vous êtes spirites, convaincus, dévoués, sincères !
Ceci vous prouve que rien sur terre n’est absolument et définitivement résolu, cela vous prouve qu’il faut continuer le travail commencé par d’autres, épurer encore, apprendre mieux votre doctrine afin de la voir un jour sereine et triomphante.
Ne vous le dissimulez pas, amis, le travail n’est qu’ébauche, et c’est à vous d’abord, c’est à ceux qui vous suivront, de le continuer et de le perfectionner. Pour que les traces du travail résistent, il faut qu’elles aient été arrosées de sueurs ; spirites, souvenez-vous de cela.
Comme les navigateurs dans les mers polaires, vous vous sentirez plus d’une fois encore environnés de ce froid, de ces glaces qu’on appelle l’incertitude et le doute, vous vous croirez trompés, vous vous demanderez la vérité ; mais alors, mes amis, vous prierez, et le petit rayon viendra dissoudre la glace et faire disparaître l’obstacle ; vous travaillerez, et victorieux vous sortirez de la lutte ; vous aimerez, et votre cher navire rentrera dans les eaux calmes et attiédies par le soleil !
Courage donc, spirites, si pour quelques-uns d’entre vous, il semble de temps à autre que le jour soit brumeux, qu’ils se tranquillisent, la lumière, la foi, l’espoir ne tarderont pas à se montrer de nouveau pour réconforter et réjouir le travailleur persévérant !
En vérité, je vous le dis, repliez-vous souvent sur vous-mêmes, écoutez la voix intérieure, élevez votre âme, priez, pratiquez les vertus enseignées par vos croyances et le reste vous sera donné par surcroît !
Bien comprendre la vie à venir est une récompense, elle sera le partage des persévérants et des forts !
Allan Kardec.
PRUDENCE ET RAISON
AOUT 874
Par la pensée, nous transportons notre médium dans une maison d’aliénés afin de lui faire examiner les causes qui ont amené ces malheureux dans l’état où ils se trouvent.
Nous voyons des cas de folie produits par une cause accidentelle, la peur. Nous voyons des fous amenés là par une colère trop vive, par une jalousie trop grande, d’autres ont été anéantis par une douleur trop lourde, par un désespoir qui a brisé leur organisation cérébrale. Mais le plus grand nombre de ces folies prend sa cause dans un orgueil si grand qu’il n’a pu être contenu et a fait éclater l’instrument.
Il y a des hommes insatiables et qui veulent pousser les études au-delà des limites posées par la raison pour l’humanité.
Une des plaies de cette terre, c’est cet orgueil qui veut remonter jusqu’à Dieu et prétend en chercher l’origine. Dieu qui, après les avoir créés, a tracé pour les mondes une route de laquelle ils ne s’écartent jamais ! Dieu qui connaît tout et maintient de sa main puissante les univers innombrables ! Dieu qui, toujours, subsiste et jamais ne change !
Dieu en douant les organes du cerveau humain d’une extrême délicatesse a voulu faire comprendre à l’homme qu’en les poussant hors des limites imposées par la raison ils seraient facilement faussés. L’homme est sur terre pour apprendre, c’est vrai, mais pour apprendre d’abord à s’étudier lui-même, pour chercher son origine et le but de ses existences afin de parvenir à vaincre ses passions et à se reformer.
L’homme est là pour travailler avec ses frères au perfectionnement général. Il est là pour marcher au bien et aider les autres à y marcher.
Dès l’instant qu’il veut, enfant imprudent, forcer ses organes et chercher à remonter aux grandes causes que Dieu lui tient encore cachées, il est immédiatement arrêté par la suspension de ses facultés.
Spirites, travail, mais prudence et raison ! Persévérance dans l’oeuvre du salut général, mais modestie et simplicité.
Eraste.