LA LOI UNIVERSELLE
1er JANVIER 1874
Amis, j’apporte avec moi les fluides bienfaisants qui font les hommes frères ; j’apporte, des mondes heureux ou j’étudie pour vous, toutes les pensées de paix, toute la foi, tout le bonheur qui peuvent illuminer et transformer un être.
Je voudrais ce soir vous donner votre part de tout le rayonnement dans lequel mon âme se plonge ! Je voudrais vous faire comprendre les joies infinies de l’esprit qui cherche à pénétrer la pensée divine !
Spirites, une seule chose est vraie, c’est celle qui personnifie Dieu : « l’amour ».
Amour immense, rayonnant sur tout ! Unité ! Fraternité ! La vie des mondes, leur progrès, leur perfectionnement, c’est l’amour descendant du créateur à la créature et se répandant de la créature à la création !
Nous ne savons pas, nous n’apprenons pas autre chose dans notre vie spirituelle : l’amour dans toutes ses phases de conservation, de fraternité, de dévouement ! L’amour se nommant sagesse, se nommant justice, se nommant charité !
C’est ce souffle divin que je vous apporte et que j’essaie de faire passer dans chacun de vous !
Aimer infiniment et absolument, c’est la loi de la perfection, aimer assez pour créer, c’est I’attribut de la divinité !
A vous donc, frères bien aimés, aujourd’hui et toujours le dévouement et l’affection sans bornes ! A vous, autrefois, aujourd’hui et toujours, le plus pur, le meilleur sentiment de nos coeurs : l’amitié !
Vergniaud.
COMMENT ON DOIT PRATIQUER LA FRATERNITE ?
JANVIER 1874
Que de fois... les avez-vous comptées ?... Nous sommes venus vous prêcher le travail et les bases du travail, la solidarité, l’amour mutuel !
Que la fraternité est un beau mot, sonnant bien dans une poésie, faisant un bel effet dans un discours !... — Fraternité ! Belle devise sur un étendard !
Ô spirites, mes amis, mes frères, que vous répétez bien cette parole, que vous la dites souvent, mais que vous la comprenez peu encore.
Lorsqu’on arrive des mondes de la pensée, des mondes de l’intelligence et du progrès, on est tenté de reculer à l’approche de la terre, car en y arrivant on commence à entendre les bruits discordants qui se nomment : vengeance, haine, envie !
Hélas, amis, les meilleurs ici-bas ne sont pas bons ! C’est triste à dire, mais sur ce pauvre petit monde, la moitié des mortels passe son temps à blesser l’autre, et quand je dis blesser, avouez que je suis modéré dans mes expressions ; les meilleurs d’entre eux, les plus saints s’en tiennent à l’égratignure.
Chers spirites, c’est vous d’abord que je prends à partie, quand donc comprendrez-vous bien que le bonheur de l’un c’est le bonheur de l’autre ; que le rayon est fait pour tous, que le vrai progrès doit être le profit de tous, que la sanctification, la fructification du travail n’est possible qu’avec I’amour mutuel, que la paix ne se trouve que dans la pratique des vertus prescrites ?...
Savoir aimer, c’est effacer, atténuer toujours ce qui, défectueux dans la conduite des autres, pourrait être trouvé mauvais ; c’est en toute occasion faire passer les autres avant soi-même ; c’est mettre toujours en lumière les qualités du prochain et les siennes dans l’ombre ; c’est se pardonner tellement bien que jamais une mauvaise interprétation, un retour amer ne vienne à la pensée, c’est pratiquer la charité avant même de la prêcher ; c’est, spirites, se souvenir sans cesse et dans tous les actes de sa vie de la règle fondamentale de votre doctrine : « hors la charité, point de salut ! »
Henri Heine.
ERE NOUVELLE
JANVIER 1874
Cette société ou tout s’écroule, dont les institutions sont pourries jusqu’à la moelle, est destinée à disparaître complètement.
La génération présente se croit le progrès, mais elle n’est que le faîte de l’abus destiné à s’effondrer lorsque l’édifice tombera.
Orgueil faux et stupide, ambition effrénée d’un titre, d’un nom, soif de bien-être, égoïsme absolu, horreur du travail et de ce qui est sérieux, ignorance complète ou instruction superficielle, voilà l’aperçu de la société d’aujourd’hui ! A de rares exceptions près, la masse des individus qui la composent est ainsi.
En effet, où sont les hommes dévoués faisant le bien par amour de l’humanité, où sont ceux qui s’instruisent à fond pour pouvoir faire rayonner leur science sur la généralité ?... Aisément on les compterait !
La génération qui suit, tenant encore à l’ancienne par les liens indissolubles de l’éducation et appartenant déjà à l’avenir par la loi du progrès, apportera dans ses actes moins d’orgueil et moins de frénétique égoïsme ; plus silencieuse, plus calme, plus studieuse, elle apprendra
véritablement, et pourtant le mobile de ses actes, le but de ses études la rattachera encore à cette terre basse et fétide, elle ne s’élèvera pas encore en masse.
Mais, les enfants de cette seconde génération apporteront en naissant les nobles instincts et les grandes facultés. C’est à eux qu’il appartiendra de faire une pratique de ces utopies, de cet idéal rêvé par quelques philosophes de ces derniers temps.
C’est eux qui fonderont la république universelle, c’est pour eux que fleurira le socialisme, et les rêveurs des temps passés seront des saints et des martyrs objets de la vénération et du culte.
La société et la fraternité seront une seule chose, une vertu, dirai-je même, vertu civique, pratiquée par tous et non rêvée et indiquée seulement par quelques-uns !
Je vous donne, spirites, rendez-vous à cette époque !
C. Fourrier.