CONSEILS POUR ALLER DROIT A DIEU, POUR AVOIR LE BONHEUR PUR, IL N’Y A QUE LE CHEMIN DU DEVOIR
24 AOUT 1874
Chaque fois qu’une pensée sympathique nous appelle, nous accourons, et pourtant, que pouvons-nous vous dire ?... Vous citer notre exemple, nous attendrir sur vos douleurs, vous offrir l’appui de notre âme ?...
Oui, oui, nous avons la liberté, la liberté de pensée, la liberté d’action, la liberté d’affection surtout, mais nous avons aussi le souvenir !
Le souvenir d’incarnations pareilles aux vôtres, le souvenir d’épreuves plus ou moins bien supportées, le souvenir de nos bonnes actions et le souvenir de nos fautes !
Pour aller à Dieu, vite, pour avoir le bonheur, pur, il n’y a que le droit chemin du devoir, souffrir n’est rien.
Le travail, l’énergie dans la lutte pour la vérité et le droit. Tenir à ses convictions sans caprices, sans faiblesse, et quand on les croit justes, quand on les sait vraies, les soutenir avec la solidité du roc que les fureurs de la mer ne font point trembler. Faire de cette conviction sa vie aux dépens même de la vie du corps, aux dépens du bien-être, aux dépens de tout, voilà le chemin qui mène à la liberté !
J’aurais pu venir à vous avec ma rude écorce d’autrefois, je ne l’ai point voulu, je reste ce que je suis actuellement, vous exhortant à tenir votre drapeau haut et ferme.
Vous aurez besoin de forces, vous en aurez parce que vous les attirerez à vous par votre grand désir de bien faire !
Coligny.
ORGUEIL ET CHARITE
AOUT 1874
De l’audace, encore de l’audace, et toujours de l’audace ?...
Quoique cette parole m’ait entraîné à bien des erreurs, je viens cependant la redire, mais je remplacerai le mot audace, par le mot courage.
Il vous étonne peut-être, messieurs que j’ose m’introduire parmi vous et vous demander un conseil. Hélas ! Il est des tortures telles, que lorsqu’elles étreignent un être, elles expriment de lui tout ce qu’il renfermait de mauvais ! Ces tortures, je les ai subies, et Dieu à eu pitié de sa créature !...
Aujourd’hui, pardonné, mais non libéré encore, je veux entreprendre une tâche qui est seulement une oeuvre de suprême justice. J’ai promis, je dois racheter autant d’âmes que par la faute de mon ambitieux orgueil il y a eu de vies sacrifiées.
J’ai à faire pour effacer en moi jusqu’au souvenir du Jacobin, mais Dieu, et je le lui demande sans cesse, me permettra une existence pénible bien certainement, mais fructueuse, et pendant laquelle je pourrai travailler plus que pendant l’erraticité.
Jusque là cependant, je puis faire quelque chose, aussi vous accomplirez, messieurs, une oeuvre
charitable en permettant que je vous dise ma pensée et en me promettant de la répandre. Je me servirai donc de votre intermédiaire pour crier aux hommes égarés par l’ambition, aux orgueilleux, aux fougueux : « Charité, indulgence, fraternité, instruction répandue sur les peuples avant de parler de liberté ! »
Messieurs, pour oser vous demander un avis, il faut bien un titre à votre bienveillance. Ce titre que j’invoque et qui toujours inspire la compassion, quelquefois l’amitié, c’est une grande douleur !... Et il faut bien que cette douleur soit profonde puisqu’elle a éteint les rugissements du lion et qu’ils se sont depuis longtemps changés en prière, puisqu’elle a modifié mon être au point de me faire quelquefois timide et... peut-être doux !
Ce mot audace que j’ai tant répété, cette audace qui m’a été si fatale, je voudrais la faire servir à l’oeuvre de réparation que j’entreprends. Suivez ma pensée, je vous prie, je crois que bien comprise elle deviendrait un instrument de progrès aussi bien qu’elle a pu être dans maintes circonstances un levier de mal.
Vous, adeptes dévoués, d’une croyance si pure, ne croyez-vous pas qu’il serait temps de la prêcher au grand soleil, à la clarté des siècles ?
Ah ! Messieurs, des écoles, des chaires d’instruction, de bons livres, où les hommes apprendront à aimer Dieu, à comprendre sa justice suprême et le but de leur existence, leur commencement et leur progrès successif ; où on leur dira la vérité !
Des écoles de fraternité, d’amour mutuel, des journaux que le peuple puisse acheter, qu’il puisse comprendre surtout, des livres à la portée de son degré d’instruction et de sa bourse, des ouvrages pour la famille où chacun apprendra ses devoirs.
Ah ! L’orateur spirite serait, n’en doutez pas, le médium inspiré par la voix duquel se feraient jour les sérieuses et saintes pensées ? L’instituteur spirite serait soutenu, fortifié, secondé par nous tous.
Vous êtes peu nombreux, c’est vrai, peu encouragés par les hommes qui vous entourent ; vous subissez les difficultés inévitables à toute grande oeuvre qui se fonde, mais vous avez l’idée ! Cette idée grande et vraie qui sera un jour la souveraine de l’univers !
Vous avez la foi dans le progrès, cette foi qui traverse les siècles, toujours intacte et toujours sereine, cette foi qui ne connaît d’obstacles que pour les renverser sur son passage !
Enfin, vous avez ce qui est votre plus grande force et vous soutiendra dans toutes les épreuves, vous avez le dévouement à l’humanité !
Ah ! Mettez-vous à l’oeuvre, guidés que vous êtes par la plus grande, la plus belle, la plus pure des ambitions ! Beaucoup d’incarnés sont prêts à recevoir vos doctrines quand vous en aurez fait surtout une chose tellement sérieuse, tellement transparente, qu’elle ne pourra plus être atteinte par le ridicule.
Oui, travaillez, et mettez-moi à même de commencer ma tâche en venant vous aider, au moins de mes forces fluidiques.
Avant de me retirer, permettez-moi, messieurs, de vous remercier de l’attention que vous avez bien voulu me prêter, c’est, croyez-le bien, une de mes premières joies depuis que j’ai quitté la terre !
Danton.
RENAISSANCE
AOUT 1874
« Cette fille n’est pas morte, elle n’est qu’endormie » (St Luc).
Humanité, c’est à toi que j’adresse ces paroles ! A toi, que disent perdue ceux qui essayent de lire dans ton avenir ! A toi, anéantie par l’incrédulité, glacée par le sceptique égoïsme, engourdie par le doute ! A toi, pauvre fille de Jaïre de laquelle chacun crie : « il n’est plus temps d’appeler, cette fille est morte !!! »
Mais le maître entre dans la maison et s’approchant il dit : « non, cette fille n’est pas morte, elle n’est qu’endormie ! »
Humanité, près de ce lit de mort où te retiennent les passions, le maître a daigné s’approcher, et suivi de quelques-uns des siens, il a étendu vers toi sa main divine en te disant : « ma fille, lève-toi et marche ! Sors de cette léthargie, de cette torpeur que tous prennent pour la mort, lève-toi et marche ! »
Lève-toi, humanité, et laisse sur ce lit d’agonie les causes de ta souffrance ! Laisse l’égoïsme qui t’étreint et étouffe tes nobles aspirations ; laisse l’orgueil, la soif de l’or qui éteignent les palpitations généreuses de ton coeur ! Rejette la haine, l’envie qui te tiennent ; lève-toi ! Secoue le suaire qui te retient captive, c’est l’ignorance, c’est le manque de foi !
Lève-toi, je t’ai éveillée par un souffle puissant, un souffle divin et te voilà vivifiée, te voilà réchauffée, te voilà sauvée. Loin de toi maintenant la seule vie matérielle, car c’est une âme, c’est une intelligence que je viens de rendre à la vie ?
En effet, tu es surprise des aspirations que tu sens au-dedans de toi-même et ton regard, étonné, cherche un appui et un chemin.
Voici ma fille, voici la voie nouvelle pour toi, la voie d’amour, d’espoir et de foi ! Marche, la vérité sera ton guide, la science ton flambeau, la charité ton soutien, la perfection ton but !
Marche vers cette lumière, rayon du soleil de la patrie, qui arrive aujourd’hui jusqu’à toi, elle te reconduira vers cette même patrie où l’on vit d’amour, de travail et de justice !
Marche, l’étincelle qui doit te transformer vient de tomber sur toi, ô fille de Jaïre, pauvre humanité, et faire de ce monde obscur un soleil de vérité, de vie et d’amour !
Ton jour est venu ! C’est en vain que les passions luttent avec la rage du désespoir pour te retenir, en étendant la main vers toi j’ai neutralisé leur effet mortel et dès maintenant tu pourras secouer le joug !
Ce souffle divin, cette étincelle de vie, cette main puissante étendue sur le monde terrestre, vous l’avez compris, ô mes amis, c’est le spiritisme ! C’est cette jeune greffe saine et vigoureuse, sortant du vieux tronc dévié, c’est cette croyance sublime, cette philosophie éclairée et sage qui donnera aux forts le dévouement, aux faibles l’appui, à tous, le bonheur et la paix !
Urbain Grandier