AVANT UNE SEANCE SPIRITE
AVRIL 1875
Un petit noyau d’hommes dévoués, d’esprits dégagés, de coeurs forts ; un faisceau, une collectivité de volontés ; des âmes prêtes à donner le meilleur d’elles-mêmes, leur pensée, leur travail ; un groupe foyer d’où rayonnera la chaleur et la lumière, un groupe où la mauvaise pensée n’aura jamais d’accès, un temple, voilà ce que nous vous demandons.
Quand vous entrerez ici, mes enfants bien-aimés, je vous demande une chose, une seule : c’est de ne point apporter avec vous les mille pensées légères ou peu charitables qui pourraient vous assaillir dans le courant de votre vie.
Je vous demande d’arriver ici, pénétrés du devoir que vous venez remplir, et je vous demande d’en repartir prêts à la lutte, au combat de chaque jour ; prêts au travail pénible, prêts à tout ce que doit faire un spirite convaincu ; car, le spiritisme n’est point une chose frivole, ce n’est point pour vous distraire ou pour vous amuser que nous abandonnons pour un instant notre liberté spirituelle et venons nous enfermer en quelque sorte dans le corps du médium.
Le spiritisme, c’est, vous le savez tous, le germe du bonheur à venir, c’est cette croyance qui fait de l’esprit un roi, le roi de la matière et du dévouement un devoir.
C’est cette croyance simple et claire que chacun peut approfondir quand il veut, c’est cette religion sans mystère, ce rayonnement infini promis aux hommes de bonne volonté.
Hommes, c’est votre bonheur que nous vous apportons, et ne devez-vous pas le recevoir comme on reçoit toute grande chose, avec le recueillement de la foi ?..
Cette seconde vie, cette vie de liberté qui doit être la vôtre, cette vie où la vérité apparaît sans cesse à qui veut la chercher, cette vie où l’esprit s’éclairant se retrouve depuis son origine et peut s’étudier presque jusque dans ses fins, cette vie, cette possession de soi-même, vous en aurez toutes les jouissances, si vous voulez pendant les épreuves matérielles entrer à plein coeur dans la tâche qui vous est offerte. Le travail, le travail pour tous, le dévouement de tous les jours et l’union fraternelle !
Fénelon.
LA SCIENCE S’ACQUIERT PAR LE TRAVAIL
AVRIL 1875
« Omnis homo mendax ! » Tout homme est sujet à l’erreur. Tout homme non encore engagé dans la voie sainte de la vérité trompe ou cherche à tromper.
Avez-vous oublié toutes les recherches que vous avez faites, toutes les peines que vous avez eues jusqu’ici pour soulever un coin de ce voile qui vous cache l’avenir ? Avez-vous oublié toutes les luttes, tous les faux pas, toutes les défaillances, tous les découragements, toutes les colères passées ?.. Avez-vous oublié que la possession de la vérité est la plus grande et la dernière des conquêtes de l’esprit ? Avez-vous oublié, spirites, que pas à pas seulement et avec la patience poussée à sa dernière limite, avec la force d’âme et une persévérance à toute épreuve vous arrivez à approcher les hauteurs sublimes du monde spirituel ?
En montant au calvaire, Jésus tomba trois fois. Pour arriver à être complètement comprise, complètement connue dans sa complète vérité, combien de fois votre chère doctrine sera-t-elle heurtée soit par la malveillance extérieure, soit par les Judas qui se disent ses adeptes ?..
Un homme se joue de votre bonne foi et vous trompe, écartez-le, ne le maudissez pas ; songez que cet homme sera assez puni lorsque dans sa vie spirituelle il verra le mal dont il a été cause ;
que, purifié par le repentir et l’épreuve, il deviendra à son tour franc, sincère et dévoué.
Que cette faute de lèse-vérité, de lèse-progrès ne jette en vos coeurs ni abattement, ni épouvante ; n’arrive-t-il pas chaque jour que les nuages viennent nous cacher le soleil, et le soleil en reparaît-il moins pur, moins brillant, moins chaud quand il les a percés ?..
Un homme vous a trompé ; qu’importe cette chute, que sera-t-elle ?.. — Rien, pour les âmes vaillantes qui ne terminent le combat qu’après victoire définitive ; un temps d’arrêt plus ou moins douloureux pour les timides et les tièdes ; un nouveau sujet d’étude pour les sérieux. Je vous compte parmi ces derniers et je vous dis : « restez calmes et forts, souvenez-vous que plus lourdement la croix du devoir pèsera sur vos épaules, plus profond sera le sillon qu’elle aura tracé ! »
Je vous dis : « courage, comme le soleil auquel je la comparais plus haut, votre doctrine n’en est pas moins toujours elle-même, toujours sainte, toujours saine, toujours vraie ! »
Je vous dis : « marchez encore, vous n’avez pas fini la tâche et vous ne faites que commencer la lutte. »
Approfondissez, apprenez pour enseigner !
Melanchthon.
HEUREUX PRESAGE
AVRIL 1875
Il y a des matinées qui sont rayonnantes ! Le ciel est pur, clair et doux !
Tout annonce une journée splendide ; pourtant, chose surprenante, les petits oiseaux se taisent et se cachent sous leur abri de feuillage, pressentent ils ?.. — Oui, car bientôt l’orage arrive, le tonnerre gronde, la pluie tombe, le vent courbe les plantes, tout devient noir.
Il y a des matinées brumeuses, maussades, un brouillard sombre et épais voile toutes les perspectives ; pourtant la brise se lève et devant elle s’enfuient, comme un troupeau épouvanté, tous les nuages gris ; le brouillard se dissipe et, escorté de tous ses rayons, le soleil apparaît !
Vous avez pour votre doctrine qui est aussi un jour commençant à peine, vous avez, dis-je, une matinée brumeuse ; cependant, vous qui êtes comme les vieux pilotes habitués à deviner le temps, vous devez tout espérer, car le vent qui va souffler sur la terre est celui de la vérité et de la justice.
L’avenir tient en réserve, comme certaines aurores derrière leurs brouillards, l’accomplissement des promesses heureuses et les rayons bienfaisants.
Tournez-vous donc du côté de la brise ; c’est le progrès qui enlèvera l’ignorance, l’incrédulité, I’égoïsme, et ne laissera à leur place que la paix, la concorde, le bonheur et la fraternité !
Pierre W.