AUX PROPAGANDISTES DE LA FOl NOUVELLE
SEPTEMBRE 1874
Ce que vous avez à faire ici-bas, spirites, c’est moins de forcer en quelque sorte les croyances à s’implanter autour de vous que d’éclairer prudemment, de répandre doucement sur la nuit de la
terre les lumineux rayons de la vérité.
De quelque côté que se dirigent vos pas, vous rencontrerez des incrédules et des sceptiques, incrédules et sceptiques que vous ne ramènerez pas, quand vous leur offririez les preuves les plus évidentes, quand vous les prendriez eux-mêmes pour preuve à l’appui de ce que vous avancez ; mais dans la grande légion du travail ces réfractaires auront leur jour et je vous le répète, vous avez moins à vous inquiéter d’eux que des âmes de bonne volonté auxquelles vous avez mission de porter la bonne nouvelle,
Il y a des esprits qui se condamnent pour une existence à ce scepticisme qui les fait souffrir et retarder leur avancement, comme il y a des enfants qui font l’école buissonnière et qui passent un an de plus à chaque classe ; c’est la raison qui les ramène les uns et les autres au devoir et leur fait rattraper le temps perdu.
Mais il ne manque pas dans votre entourage d’esprits sommeillant encore et qu’une parole viendra réveiller pour toujours ; d’esprits arrêtés par quelque barrière que vous ferez aisément tomber ; d’esprits irrésolus mais simples et francs et auxquels un léger coup d’épaule donnera une bonne impulsion.
Je vous engage à vous occuper de ceux-là, ils sont assez nombreux et vous n’avez pour les trouver qu’à chercher un peu.
Jamais de zèle intempestif ; la nourriture morale, comme l’autre, est toujours plus appréciée lorsqu’elle a été désirée ; la deuxième doit être distribuée avec ménagement et sagesse aux estomacs des enfants, et la première doit être donnée également en raison des forces qui la reçoivent.
De l’ardeur, oui, si vous voulez, mais de l’ardeur intelligente et raisonnée. Du zèle, soit, mais jamais de fanatisme, d’exagération.
Souvenez-vous que chaque chose doit être faite à son heure.
Lamennais.
LE SECRET DU BONHEUR
OCTOBRE 1874
« Ils n’avaient qu’un coeur et qu’une âme ! » Vous allez dire que nous vous répétons souvent les mêmes choses, car vous me comprenez déjà, n’est-ce pas, mes enfants, bien-aimés ?...
Ces hommes à la foi solide, ces chrétiens des premiers âges, changèrent la face du monde ; ils effacèrent les teintes les plus grossières de la matérialité et tracèrent à la place l’esquisse sublime et sainte de la religion universelle : le christianisme !
A ce grand, à cet immense tableau, vous êtes appelés à votre tour à venir travailler ; l’esquisse est restée la même quant au fond, mais le temps, l’abus, en ont altéré les détails.
Connaissance de la vie de l’âme après la mort du corps, libération de la conscience, pratique des vertus enseignées, raisonnement sage et sain, voilà ce que vous devez apporter à l’oeuvre et ce qu’il vous sera donné de bien comprendre si vous savez vous élever.
Vous êtes appelés à marcher dans une voie quelquefois pénible ; il importe peu qu’il en soit ainsi si vous réussissez à faire le travail.
En acceptant la doctrine spirite, vous avez, vous le savez tous, accepté un grand devoir, vous avez accepté une lutte avec les passions, avec cette grossière matérialité qui tiennent captive l’humanité ; mais vous avez avant tout accepté la lutte avec vous-mêmes.
Qu’est-ce, après tout, et qu’y a-t-il de si pénible à se bonifier, à modifier les penchants imparfaits quand on entrevoit cette perspective immense du perfectionnement des mondes accomplis ?...
Qu’est-ce que ce premier petit pas ?... — Rien de bien difficile ; chose accomplie le jour où vous serez sérieusement convaincus de la nécessité du travail.
Habituez-vous donc, mes enfants, à vous servir du regard de l’âme, ce regard à longue portée qui vous éclaircira les profondeurs de l’avenir.
Modelez-vous sur le maître et vous ne vous tromperez jamais !
Je ne vous dirai pas : soyez bons, vous l’êtes généralement et cela ne suffit pas encore ; je vous dirai spirites : « soyez meilleurs, soyez parfaits ! Devenez sans reproches, que votre âme soit un miroir ! »
Quand vous venez à nous pleins de confiance chercher ce qui vous manque, enfants, ne faites plus qu’un ; animés du même esprit, puisez dans les fluides que nous vous apportons et vous sortirez d’ici consolés, rassérénés, calmés, fortifiés, vous remporterez avec vous la paix et une étincelle de bonheur !
Melanchthon.
LA LIBERTE
OCTOBRE 1874
La liberté c’est le trésor incomparable qui ne peut être possédé qu’après l’acquisition de toutes les vertus, car elle en est la consécration et la récompense !
La liberté ne marche pas seule, il lui faut le brillant cortège des mérites du travail et du dévouement !
La liberté, si on avait ce qu’elle est, ne serait pas sans cesse appelée par les hommes, comme une justification de ce qu’ils croient leurs droits, ils sauraient que le devoir doit précéder le droit et non le suivre ; ils sauraient, pour conquérir cette liberté qu’ils appellent de tous leurs voeux, lui frayer le chemin, car la liberté est une reine, elle ne sait marcher que sur une route aplanie et sans dangers.
La liberté est une reine, ai-je dit, elle est aussi une mère, et elle ne peut vivre qu’au milieu d’enfants respectueux et bons !
La liberté, comme on la comprend au-delà de la tombe, c’est la sanctification et la fin d’un immense travail de perfectionnement. C’est la satisfaction, c’est la jouissance, c’est la possibilité de tout après avoir tout préparé et tout appris ! Avant donc d’appeler la liberté, il serait sage d’élaguer de la route qu’elle doit suivre, tous les obstacles qui entravent sa marche.
La liberté est un fruit de l’arbre divin, mais on ne peut le cueillir qu’à l’automne, c’est-à-dire après le travail, la persévérance et la complète bonté !
Berryer.