A CHACUN SA PART DE LUMIERE
24 DECEMBRE 1874
Chacun accourt dans le salon bien chauffé et chacun y porte son tribut de bonne humeur et de gaieté. Les petits enfants ouvrent leurs grands yeux interrogateurs et demandent ce qui donne à la maison cet air de fête, ils aspirent des parfums inaccoutumés, et à leurs nombreuses questions on répond toujours : c’est Jésus qui naît cette nuit ! Ils voudraient bien veiller et attendre les événements, mais leurs paupières se closent à l’heure habituelle, dans les bras de l’heureux sommeil de leur âge, ils trouvent toutes les merveilles, toutes les splendeurs rêvées par leur jeune imagination.
Arrêtons-nous plus loin, voici des enfants encore. Ceux-là, pauvres petits déshérités, ne voient dans leur intérieur, rien qui indique l’approche d’une fête. Le froid est le même que les jours précédents, l’isolement tout pareil à celui de la veille, la mère courbée sur son travail soupire comme d’habitude et plus encore que d’habitude !...
Cependant, pauvre enfant, quelque chose le tient éveillé... C’est le son joyeux de la cloche, c’est le carillon de la fête qu’on célèbre à l’église.
N’ira-t-il pas voir les cierges allumés, admirer les fleurs de l’autel, entendre avec ravissement la grande voix des orgues et les chants ? Non, non, pauvre enfant, il fait froid et ton désir fait monter une larme de regret aux yeux de ta mère !... Non, mais pour toi aussi viendra le bon sommeil, il emportera ta petite âme vers ces fleurs, vers ces lumières, vers ces chants qui t’appellent ! Pauvre enfant, sois heureux, toi aussi tu vas rêver du petit Jésus.
Cherchons encore autour de nous, voici d’autres familles où cette soirée a été longuement attendue et tendrement préparée ; ici l’enfant heureux contemple des merveilles ! Jésus, le bon ange du ciel a passé sur la maison et il a laissé sur ses pas les traces du bonheur !
Les rayons sont pour tous, mais les uns s’en rapprochent davantage. Mes petits enfants, soyez heureux, vous aurez ce soir la lumière et les bonbons !
Fénelon.
NOËL
MEME DATE
Quel est ce soir le pays où mon nom ne soit prononcé ? Partout où sont des coeurs sincères j’envoie un rayon, mais, comme autrefois, je ne vais point manifester ma présence au milieu de l’encens, de l’or et des fleurs ; comme autrefois, je ne choisis pas un palais, mais une humble crèche, un berceau de dévouement et d’amour, un asile de fidélité !
Enfants, à vous ma paix, à vous encore une fois l’affirmation du vrai ; au milieu de vous je plante mon drapeau de sincérité et de droiture, à vous à répandre sur la terre ma parole et ma pensée, à vous à dire que je ne suis point venu pour châtier, mais pour pardonner, à vous à dire que je ne suis point venu courber mais relever, que je ne suis point venu oppresser, mais affranchir, que je ne suis point venu emprisonner, mais délivrer l’âme ! A vous à dire que j’ai été l’apôtre du libre développement de l’esprit, à vous à dire que je veux la clarté partout !
A vous, spirites, à dire et à prouver que les hommes trouveront toujours dans l’union et dans l’amour mutuel la force de résister à toutes les tempêtes ! Courage, marchez jusqu’au bout, votre mission est loin d’être terminée, elle commence à peine et je compte sur vous pour enseigner dans la vérité la pensée de l’Evangile.
Allez donc et, au nom de Dieu notre Père, je vous bénis !
Esprit de Vérité.
JÉSUS
MEME DATE
Je vous avais bien dit que vous auriez des rayons !... Je reprends maintenant ma petite allégorie.
Il y a sur terre des esprits, qui, à l’approche de la vérité et de la lumière, s’étonnent et tressaillent, ils sentent que quelque chose d’heureux leur arrive, mais ils ne savent pas, ils ne comprennent pas encore ce que c’est.... Ce sont mes enfants de tout à l’heure, les premiers, ceux à qui on répond que Jésus est né, mais qui ne savent pas ce que c’est que Jésus !...
A ces enfants, riches du côté matériel, heureux des jouissances de la vie, ne faudrait-il pas montrer l’enfant divin naissant et vivant pauvre, afin d’apprendre aux hommes que l’égalité n’est pas seulement un mot ?... Ne faudrait-il pas profiter de la fête pour leur enseigner le devoir, le
grand devoir de solidarité et de fraternité universelle ?...
Les seconds, mes petits enfants pauvres, ne représentent-ils pas ces esprit dont les facultés aiguisées par la douleur ont entendu vibrer au loin les mots si attrayants de bonheur et de liberté, et cherchent dans l’avenir le suprême refuge ?... A ceux-là qui n’ont rien, qui ne sont rien, mais qui sentent en dedans d’eux les aspirations hautes, et autour d’eux la vérité, pourquoi ne montrerait-on pas Jésus, pauvre comme eux, abandonné comme eux, mais escorté dans son isolement par les perfections apportées avec lui, mais entraînant dans l’ombre de sa pauvreté, toutes les richesses, toutes les consolations, toutes les espérances, tous les bonheurs ?...
Ne pourrait-on leur montrer Jésus, soumis à sa condition secondaire, acceptant l’épreuve avec foi, et apportant pour tous les éprouvés, ses frères, sa doctrine de libre-pensée, de libre travail et de fraternité ?...
Les troisièmes enfants, chers spirites, c’est vous ; c’est vous auxquels les vieux parents représentés par nous, apportent l’arbre de Noël avec toutes ses délices. C’est vous, illuminés par la vérité ; c’est vous, apôtres, chargés d’en propager tous les rayonnements, d’en partager toutes les gâteries, toutes les joies ; c’est vous que nous accoutumons à voir, et penser librement ; c’est vous que nous acheminons doucement, paternellement vers cette vie spirituelle, objet de tous vos voeux, et qui est le prélude et en quelque sorte le stage de la liberté complète.
Mes enfants, fêtez Noël, c’est le jour de la naissance de l’amour et de la vérité, c’est le jour qui a délivré vos âmes et leur a montré que la souffrance est le chemin du bonheur !
Fénelon.