PREMIÈRE COMMUNICATION 183.
– Dem. – Qu'était Jésus ? Rép. – Je voudrais pouvoir répondre à la question que vous me posez d'une manière qui fût digne de la question elle-même. Mais, hélas ! c'est à peine s'il me sera donné de vous faire entrevoir Jésus et sa mission. Quoi que vous en puissiez penser , Jésus a été un missionnaire de Dieu chargé de détruire les 111 croyances du paganisme et d'amener l'humanité à l'idée d'un Dieu unique et bon ; car c'est là, il faut bien vous pénétrer de cette vérité, la qualité, s'il m'est permis de m'exprimer ainsi, la qualité la plus manifeste de Dieu : la bonté ! Jésus traduisait cette pensée par un mot : notre Père ! C'est qu'à ses yeux cette dénomination de Père était, eu égard au temps où il parlait, une révolution tout entière. Vous représentez-vous des païens, des hommes qui en étaient arrivés à tout diviniser et à craindre ce qu'ils avaient divinisé, auxquels Jésus vient dire : il n'y a qu'un Dieu. Lorsque vous le prierez, adressez-vous à lui comme à un Père et ayez pour lui la confiance et l'amour d'un Fils. – Voilà, à mon sens, la grande révolution inaugurée par Jésus. – Un complément devait naturellement découler de ce principe, car du moment où Dieu n'était plus qu'un Père, ces hommes qui s'entre-déchiraient, qui s'égorgeaient pour le plaisir de spectateurs aussi cruels que corrompus, qui se jouaient de la mort que le plus fort imposait au plus faible, n'étaient plus que des Frères qui devaient s'aimer comme tels. Comment cette doctrine a-t-elle été si étrangement modifiée, transfigurée après la mort de Jésus ? Ce n'est pas à moi à vous répondre, mais aux passions humaines qui dénaturent la vérité au gré de leur intérêt et sont le fondement de toutes les erreurs. Si on lui eût laissé son caractère de complicité, cette doctrine dominerait le monde depuis bien des siècles, car il n'est pas un homme qui ne pût la comprendre et l'appliquer d'une manière plus ou moins parfaite, en restant dans le cercle étroit de ces deux préceptes : amour de Dieu ! amour des autres ! Dem. – Ce que vous me dites renverse à un tel point mes idées que j'en suis à me demander si je ne rêve pas. Mais alors, serait-il vrai que Jésus ait fait des miracles ?
Rép. – Jésus a fait ce que vous nommez des miracles ; il a fait la plupart de ceux dont parlent 112 les Evangiles et tant d'autres qu’ils ne relatent pas. – Pourquoi ? – Parce que Jésus, pendant son incarnation, a été, en quelque sorte, MÉDIUM DE DIEU. Ses inspirations, il ne les recevait pas des Esprits, mais du Père ; il n'agissait pas sous l'influence des Esprits, mais sous celle de Dieu 113 lui-même. X…, ancien archevêque de Paris . 114(25 octobre 1863.)