Voici un extrait du livre « La Réincarnation » de Gabriel Delanne. (Je cite): Si la réincarnation est une vérité, il est assez logique que les souvenirs qui se réfèrent à une vie antérieure se réveillent, (…) plus volontiers chez les enfants, puisque le périsprit avant la puberté possède encore un mouvement vibratoire qui, dans des circonstances spéciales, peut acquérir assez d'intensité pour faire renaître chacun des souvenirs de l'existence antérieure. Nous allons en voir un exemple ; je le dois à l'obligeance de mon excellent ami, le commandant Mantin. : « Ma mère avait conservé, dit-il, avec une amie de couvent, une correspondance suivie, de laquelle je tire ce que vous allez lire. Cette dame avait auprès d'elle à Bordeaux une petite nièce, fille d'une soeur mariée en Espagne, à Valladolid. Après plusieurs demandes réitérées de lui amener ou de lui envoyer son enfant, l'amie de ma mère nous écrivit qu'elle se décidait à confier la fillette, qu'elle avait conduite à Fontarabie, à d'honnêtes voyageurs espagnols qui se rendaient à Ségovie en passant par Valladolid. En ce temps-là les chemins de fer se construisaient à peine en Espagne ; de Fontarabie à Irun, Saint-Sébastien et Valladolid, le trajet se faisait en diligence et durait plusieurs jours. Après avoir embrassé sa nièce et l'avoir encore recommandée à ses compagnons de voyage, l'aimable tante vit partir la patache qu'elle ne quitta pas des yeux jusqu'à ce qu'elle eût disparu au tournant d'une route. La fillette s'installa sur la banquette, devant l'une des vitres, afin de contempler le paysage. Elle semblait émerveillée, riant, babillant seule. Puis, comme si elle traversait un pays connu et déjà vu, elle se mit à dire les noms des villages où la voiture allait s'arrêter. L'attention des voyageurs fut tout à coup éveillée par les citations exactes de l'enfant. Ils la questionnèrent, et se sentant émerveillés par la mémoire d'une aussi petite fille, ils lui demandèrent s'il y avait longtemps qu'elle avait fait ce voyage. Attentive seulement à tout ce qu'elle semblait connaître et revoir, elle répondit en riant : « Mais je ne suis jamais venue », et les Espagnols, égayés, continuèrent à la laisser babiller, de plus en plus surpris de sa mémoire. La mignonne voyageuse annonça partout à l'avance tout ce qui devait défiler de beau et d'intéressant sous les yeux de ses compagnons de route. Elle démontra qu'évidemment elle était venue déjà à Saint-Sébastien. Avant d'atteindre Burgos, où l'on passa la nuit, l'enfant annonça qu'on allait voir la plus belle église de l'Espagne. Et ce fut ainsi jusqu'à Valladolid, où la diligence arriva le quatrième jour : la mère attendait impatiemment sa chère fille. Après l'avoir tendrement caressée, elle remercia les voyageurs avec des marques de la plus vive reconnaissance des soins qu'ils avaient eus pour son enfant. C'est alors qu'ils lui vantèrent la mémoire qui les avait tant étonnés chez une si petite fille, et qu'ils lui racontèrent comment elle s'était si merveilleusement souvenue de tout ce qu'elle avait retenu de son précédent voyage. Mais ils ne lui cachèrent pas combien ils étaient surpris du motif qui portait la petite voyageuse à dénaturer la vérité en soutenant qu'elle venait en Espagne pour la première fois. La mère, très surprise, affirma aux compagnons de sa fillette que celle-ci n'avait pas menti, car c'était bien effectivement la première fois qu'elle venait de France, où elle l'avait confiée à sa soeur, jusqu'à ce que son mari et elle fussent installés à Valladolid. L'enfant comprenant que les Espagnols semblaient douter des assertions de sa mère elle-même, se prit à sangloter en disant : « Je n'ai pas menti, je ne me rappelle pas avoir fait une première fois le voyage ; mais ce que je sais, c'est que j'avais déjà vu tout cela. » Quelques jours après, un des compagnons de la petite fille vint remettre à sa mère le récit curieux qu'il avait cru devoir rédiger de ces faits, et qu'il avait intitulé : Rêves véridiques d'une petite fille éveillée. C'est ce récit recopié par son ami qui l'avait adressé à ma mère qui me permet de vous en affirmer l'authenticité, et j'ajouterai que cette histoire date de 1848. Commandant MANTIN. » Source : la Réincarnation - Gabriel Delanne