RENDEZ A CÉSAR CE QUI EST A CÉSAR
DÉCEMBRE 1874
« Rendez à César ce qui est à César ! » Qu’est ce que César ?... — Chaque ambitieux vous répondra : — C’est moi ! Et pourtant, il n’y a qu’un César, et dans la pensée du Christ, César veut dire le droit.
Qui a droit ?... Est-ce l’enfant de tel ou tel prince ?... — Je ne le crois pas, le droit, c’est le progrès !
Jésus, républicain austère, plus même, républicain sévère, Jésus ne prêchait jamais que le vrai, ne pouvait dans sa pensée reconnaître d’autre souverain que ce droit donné par Dieu à l’homme pour avancer vers Lui librement.
L’homme enfant, l’homme petit avait eu besoin d’un maître, l’homme jeune à besoin d’un guide, l’homme viril marchera librement, soutenu par sa raison et sa conscience.
Vous l’avez compris, ce maître, c’étaient les dynasties, ce soutien, ce guide, c’est le culte extérieur, la religion connue, mais dans l’avenir, l’homme éclairé saura son chemin, il marchera les yeux fixés sur l’étoile qui lui représente la divinité en s’appuyant sur sa conscience.
Ayant fini d’apprendre, il n’aura plus besoin de maîtres, assez fort, il n’aura plus besoin de soutiens extérieurs, il aura en lui ce qu’il faut, il s’élèvera assez haut pour n’avoir plus à craindre les chutes, il se dégagera de la matière et atteindra la liberté spirituelle.
Fénelon.