MORALE
MISSION DU SPIRITISME
NOVEMBRE 1869
Le temps a marché ! Les années se sont écoulées et ont formé des siècles !
Années si dures de l’esclavage, heures si longues de larmes et de torture vous avez passé, mais vous avez été la rosée féconde qui fait germer le progrès ! Vous avez enfanté des pensées, vous avez amené cette liberté de conscience à l’avènement de laquelle tant d’âmes vaillantes ont travaillé !
Enfants, profitez avec paix, avec fruit des trésors si péniblement amassés par vos prédécesseurs dans le champ de la libre pensée !
La vieille église romaine a laissé tomber cette couronne qui faisait d’elle la souveraine de l’Univers, son auréole s’efface, son prestige se perd depuis que le catholicisme a voulu se substituer au christianisme ; mais comme le Seigneur commandant aux envahissements de L’Océan, l’Esprit de Vérité a élevé la voix et lui a dit : « tu n’iras pas plus loin ! »
Assez d’abus, assez de tortures infligées au nom du Dieu d’amour et de miséricorde, assez de guerres entreprises au nom du Dieu de paix ; assez de domination au nom de Celui qui naquit humble et pauvre ; assez d’écrasement en disant aux malheureux : mon joug est doux, mon fardeau est léger ! Assez ! Le père veut des enfants et non des esclaves, il veut que les âmes viennent à lui librement. Assez ! Il est temps que sur la terre arrive le règne de la Justice, de la Vérité, du progrès !
Nous chercherons pour répandre la vraie doctrine des apôtres fervents qui voudront amasser des trésors pour la vie éternelle, mais non de l’or et des honneurs ! Nous chercherons des cœurs remplis du feu de l’amour universel, ouverts à tous, accueillant tous à l’exemple de Dieu notre Père, mais non des fanatiques égarés qui osent dire en enseignant au nom du Créateur : « hors de nous point de salut ! »
Nous voulons des esprits complètement dégagés des préjugés, des sottes erreurs, des superstitions qui éteignent la lumière et étouffent le progrès. Nous voulons des libres-penseurs ! Oui, Libres-penseurs dans sa plus belle et plus haute signification. Nous chercherons et nous trouverons des hommes prêts à se dévouer au bonheur de leurs frères, des hommes dont l’abnégation saura aller jusqu’au sacrifice ; des hommes assez grands pour ne pas aller se heurter à l’orgueil et tomber par lui ! Des hommes ardents, zélés, mais non des intolérants prêts à jeter la malédiction et l’anathème à tous ceux gui ne partagent pas leurs croyances. Des âmes assez avancées pour nous comprendre et pour compatir comme nous à toutes les faiblesses, pour pardonner, comme nous, toutes les erreurs, toutes les fautes ! Des esprits capables de nous aider à la régénération du genre humain !
Nous prierons Dieu notre Père, de les bénir et nous leur apporterons le bouclier qui garde de toute blessure : la paix du cœur ! Des armes pour se défendre : la bonté, l’indulgence, la tolérance.
Et ces hommes iront délivrant les âmes enchaînées, guérissant les blessures, calmant les souffrances ! Ils iront, préparant une génération d’hommes libres qui auront pour religion : Dieu ! Pour frein : leur conscience ! Pour loi : la charité ! Pour but : la perfection. Les malédictions, les fureurs, les haines, ne les atteindront pas, car elles viendront se briser à un invincible obstacle : notre protection ! Nous les marquerons du sceau de l’Éternel et ils seront invulnérables ! Ils seront calomniés peut-être, mais Christ l’a été avant eux et c’est lui qu’ils prendront pour modèle ; c’est sa sublime doctrine rendue à sa pureté primitive, éclairée par la lumière de la vérité qu’ils donneront à la terre. Aussi, je viens, répétant à l’avènement du spiritisme ce qui fut dit au berceau du christianisme : gloire à Dieu dans les cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !
Spirites, voyez ce qu’on attend de vous. Quand vous serez calomniés, tournés en ridicule, levez les yeux vers la patrie et songez que dans la demeure éternelle les plus heureux sont ceux qui ont le plus souffert pour la sainte cause dont vous êtes les apôtres. Courage donc et continuez la tâche !
Melanchthon.
LA TERRE PROMISE
DÉCEMBRE
« Et je vous conduirai dans ce pays où coulent le lait et le miel et que j’ai promis en héritage à Abraham, Isaac et Jacob. (Exode ch. VI.) »
Mes frères, pèlerins sur cette terre, je ne puis mieux vous comparer qu’aux enfants d’Israël traversant les déserts de l’Arabie pour atteindre la terre promise.
L’eau manque à votre poitrine desséchée par la chaleur accablante du désert ; la faim vous presse, la fatigue vous abat, la solitude vous désole, l’obscurité vous effraie ! Mais voici que le Seigneur a vu vos larmes, a entendu vos plaintes, et malgré vos fréquents murmures il envoie vers vous ses serviteurs pour vous montrer un chemin plus doux, une route où vous trouverez en abondance l’eau, les fruits, les ombrages !
Enfants d’Israël, écoutez notre voix, ne détournez pas la tête, ne fermez pas votre cœur, ne dites pas : « nous n’arriverons jamais, la terre promise est un mensonge, elle n’existe pas ! »
Pourquoi, mes frères, cette incrédulité et ces murmures ? Elle est près de vous la terre promise, et vous allez l’entrevoir si vous voulez suivre la voie que nous allons vous indiquer.
Au lieu de vous fatiguer à gravir péniblement ces deux montagnes que l’on appelle l’une orgueil, l’autre ambition, que ne prenez-vous ce sentier facile qui passe entre les deux et que j’appellerai, simplicité, humilité, modestie ?... Au lieu de vous blesser, de vous déchirer parmi les pierres et les ronces que l’égoïsme, l’envie amassent autour de vous, que ne marchez-vous sur cette herbe fine et douce, que je nomme amour du prochain, bonté, indulgence ?... Au lieu de vous éloigner des sources fraîches, venez donc et vous trouverez la fontaine d’amour, de dévouement, de charité qui vous donnera le délassement et le repos. Venez, frères, suivez nos indications et vous trouverez à chaque instant les fruits suaves du travail, de la vie sagement employée, les fruits de la science acquise. Venez et vos nuits seront toujours éclairées par la lumineuse nuée de la Vérité !
Jetez loin de vous, ô fils d’Israël, les petites idoles que vous avez emportées d’Égypte ; démolissez le veau d’or, vous trouverez en échange des croyances sérieuses, des trésors que les voleurs ne sauraient vous dérober ; vous trouverez la foi ardente, sincère, l’amour vivifiant et sauveur, l’espérance solide et fondée. Venez, et votre voyage à travers le désert que vous trouvez si dur et si long vous semblera doux et court, car vous apercevrez la terre promise.
Venez, le Seigneur a juré de faire de vous son peuple ! Venez, prenez les mains que nous vous tendons avec tant d’affection, pauvres frères, et les fatigues, les ennuis de la route vous seront adoucis jusqu’au jour heureux de l’arrivée, de la réunion, de la liberté !
A vous, nos apôtres, nos interprètes, nouveaux Moïses qui depuis longtemps avez entrevu la terre bénie de Chanaan, à vous, nous dirons : travail, dévouement, persévérance !
Arrachez les enfants d’Israël de la servitude des Égyptiens c’est-à-dire des passions humaines ! Mais aussi, comme le fit Moïse, venez souvent sur la montagne, élevez votre âme vers le Père et priez ! Priez pour avoir la force, la sagesse ! Priez pour que Dieu laisse tomber sur vous la divine étincelle qui animera vos paroles, vos écrits, vos actes et fera de votre groupe, un foyer, un flambeau, un phare toujours allumé pour réchauffer, éclairer et sauver vos frères en leur indiquant la voie du progrès, mais que votre vie leur serve d’exemple.
Que le Dieu de justice et de bonté bénisse vos travaux, qu’il vous donne la paix, la ferveur, l’espoir et l’amour mutuel !
Urbain Grandier.
LA MEILLEURE PART
DÉCEMBRE
« Vous avez choisi la meilleure part et elle ne vous sera pas ôtée ! » Chers enfants, je vous vois tous ici cherchant le bonheur au sein d’une fraternelle et mutuelle affection ! Vos grandes joies, vos plaisirs préfères sont nos douces réunions, nos ineffables causeries ! Aux amusements bruyants, aux fêtes qui vous environnent, vous préférez la présence de vos amis d’outre-tombe ! Comme Marie-Madeleine oubliant tout pour écouter la parole du Christ, vous venez à nous, restez donc mes enfants, comme elle aussi vous avez choisi la meilleure part et elle ne vous sera point ôtée.
Un jour chacun s’apercevra que vous avez trouvé un trésor et ceux qui vous critiquent, ceux qui vous prennent pour des sots viendront puiser à la même source.
Au lieu de passer leur temps à poursuivre un vain fantôme de gloire, une ombre de bonheur, ils viendront chercher la satisfaction et la réalité.
Ils viendront, ceux qui veulent s’instruire, et ils trouveront la science !
Ils viendront, ceux que le doute affaiblit chercher la force dans la vérité !
Ils viendront, ceux qui veulent aimer, car voici toute grande ouverte la porte de l’amour universel !
Ils viendront, ceux que blessent le mensonge, l’hypocrisie et ils trouveront la droiture, la Justice !
Ils viendront, ceux qui ont fait le beau rêve de l’émancipation des peuples, et ils leur trouveront le chemin de la délivrance et de la liberté !
Esprits, dont les hautes aspirations, souvenirs d’une autre vie, sont traités par la foule ignorante de chimères et d’utopies, vous viendrez ici, et à l’ombre du drapeau spirite vous achèverez vos rêves !
Aventureux voyageurs, chercheurs infatigables, voici l’inconnu offert à vos ardentes découvertes, vous viendrez et vous serez éblouis !
Savants qui blanchissez sur vos in-folios, vous aurez ici la clef de bien des problèmes. Vous en aurez la solution, le jour où confiants et simples, vous franchirez la barrière que j’appelle l’orgueil humain !
Et vous, vous, amis éprouvés, torturés par la dure main de la douleur ; vous, oubliés, isolés, abandonnés même par les pauvres joies terrestres, vous viendrez tous chercher un refuge dans la consolante doctrine, vous y trouverez soulagement, délicate tendresse, appui, abri contre le désespoir
O vous qui souffrez,
Vous qui cherchez,
Vous qui doutez ! L’amour, la vérité, la lumière, vous environneront de toutes parts, vous serez éclairés, consolés, convaincus, et vous bénirez alors les humbles travailleurs qui vous auront adouci la voie en aplanissant les premières difficultés !
O Spirites, aimer, travailler, instruire, améliorer, voilà votre tâche, voilà la part que vous avez choisie, c’est la meilleure et elle ne vous sera point ôtée !
Melanchthon.