LE SPIRITISME, REGENERATEUR DES PEUPLES
DECEMBRE 1874
« Que celui d’entre vous, qui est sans péché, lui jette la première pierre ! » Je m’adresse à ceux qui sur la terre s’appellent les grands, et je leur demande : vous qui avez en main la force, le pouvoir, la loi que vous assouplissez à votre fantaisie ; vous, qui d’un mot pouvez faire répandre des torrents de sang et de larmes ; vous, qui tenez en main la balance que vous faites souvent pencher à votre volonté ; vous, qui depuis des siècles avez manié les hommes comme un enfant manie ses jouets ; vous qui avez fait des peuples, des enfants méchants par la mauvaise direction que vous leur avez imprimée, de quel droit venez-vous poser le pied sur eux lorsqu’ils sont vaincus et les accabler de reproches et de malédictions ?...
Qui a donc donné à ces peuples le droit de secouer leurs entraves, sinon le maître inflexible qui voudrait les tenir enchaînés et les empêcher de grandir ?... De quoi vous plaignez-vous, vous qui ne les avez pas laissés apprendre et savoir ?... Pourquoi vous étonnez-vous de folies qui sont causées par un manque d’éducation que vous avez voulu ? Pourquoi vous plaindre des cruautés qu’ils commettent quand ils rompent leurs chaînes, lorsque c’est vous qui leur en avez donné les premières leçons ?...
Une malheureuse femme ignorante, asservie, était tombée ! Pauvre femme, comment ne serait elle pas tombée, elle, dont on tenait la tête violemment penchée vers la terre ?... Tout aussitôt, les grands, les forts, les instruits l’accablent de pierres, d’injures, de cris. — Qu’elle meure... disent ces indulgents... Mais une voix grave s’élève à coté d’eux, un regard doux, puissant et ferme les enveloppe, un homme, non pas un des grands, un homme se baisse et sur la terre écrit une sentence...
Quand chacun eut lu les quelques paroles gravées sur le sable, aucune pierre ne tomba plus sur la pauvre femme, et elle fut sauvée !
En faveur des peuples, que je personnifie dans cette femme ignorante et coupable, j’invoque les mêmes droits et je dis : que celui qui est pur de tout crime, que celui qui a toujours bien fait, que celui-là seul ne soit pas indulgent.
En trouverai-je ?... — Peut-être, mais si j’en trouve, celui-là tendra la main à la pauvre femme et la relèvera aussitôt !
L’ami du peuple, l’ami de cette quantité d’individus que personne ne regarde, l’ami et le consolateur de toute souffrance, celui qui doit améliorer, relever et guérir, c’est le spiritisme.
C’est le spiritisme qui d’abord amènera par l’union des pensées la fraternité, l’égalité, la paix.
C’est le spiritisme, qui sans larmes, sans blessures, sans malheurs plantera son pacifique drapeau. D’un côté de ce drapeau on pourra lire : développement intellectuel et de l’autre : affranchissement moral !
Massillon.
