LA NOURRITURE SPIRITUELLE
DECEMBRE 1874
Toutes les créatures de Dieu sont appelées aux mêmes destinées ; tous, petits ou grands, depuis l’être supérieur jusqu’à l’être à peine sorti de l’enfance morale, tous sont appelés à s’asseoir au banquet de vérité.
Dieu donne à chaque époque la nourriture spirituelle qui lui est suffisante, aux premiers âges la vérité rendue sensible aux esprits grossiers encore, sous des formes matérielles, aux âges suivants la vérité dans la simplicité, aux âges à venir, l’idéal qui est la vérité parfaite.
Cette nourriture spirituelle, symbolisée par des fluides, par des parfums, est pour l’âme la substance de vie, elle lui est aussi nécessaire que les aliments au corps, que l’air aux poumons, et, aussitôt que l’âme en est privée, nous la voyons se replier sur elle-même et souvent défaillir. Vous-mêmes, vous qui êtes transplantés comme des fleurs aimées dans cette terre spirituelle où nous vous avons amenés, vous-mêmes, lorsque pendant quelques temps nous cessons de vous prodiguer nos conseils, nos encouragements, nos paroles d’affection, ne vous sentez-vous pas tristes, un peu affaiblis, moins ardents à bien faire, et n’avez-vous pas encore besoin qu’une main paternelle vienne sans cesse vous soutenir ?
Cela prouve que vous êtes encore des enfants, aussi de temps en temps, l’un de nous se détache et vient à vous avec une provision de cette nourriture spirituelle. Il vient, répandant sur vous la paix, vous mettant au coeur les forces qui vous font dévoués, il vient renouveler en vous l’amour du sacrifice, et stimuler ce profond désir d’avancement, il vient soutenir vos pas pendant quelques instants, et vous donner un élan nouveau vers le progrès. Mais, il vient aussi avec le pouvoir de vous montrer au loin toutes les beautés, tous les rayonnements de l’avenir, il vient vous faire lire presque couramment dans ce grand livre encore si bien fermé, il vient vous faire contempler cet idéal tableau du vrai, du beau, du juste, il vient, jetant un voile sur les laideurs de la terre emporter vos âmes dans les régions bénies qu’elles doivent habiter un jour. II y a temps pour tout, après les jours du travail, les douces heures de repos, après le jeûne, la joyeuse fête, après la sécheresse, la fraîche et abondante rosée. C’est vous dire que nous entrons avec vous dans une période de joies spirituelles, c’est vous dire: à bientôt !
Melanchthon.
