HEUREUX, AYEZ COMPASSION DE CEUX QUI SOUFFRENT
FÉVRIER 1875
Il y en a qui rient, il y en a qui pleurent ; l’air est impressionné, ici par les sons de joyeux instruments, là-bas par la voix sinistre de la tempête !
Ici, les lumières étincelantes, les fleurs, les sourires, les ravissements, les enchantements, la douce chaleur de l’atmosphère et la chaleur du cœur… Quelquefois !
Là-bas, les hurlements de la rafale, la voix discordante des vents, les cris désespérés de l’homme en danger, l’obscurité, le froid, les craquements épouvantables du navire, le mugissement des vagues !
Tout cela l’un près de l’autre, sur un même monde, au même instant !
Tout cela pour enseigner aux hommes que la vie n’est qu’un passage dont les heures joyeuses fuient trop vite pour laisser un souvenir durable.
Tout cela pour que celui qui se réjouit pense à celui qui souffre, pour que celui qui possède donne à celui qui n’a pas, car, rien n’est changeant comme les situations de ce monde, et tel qui possède aujourd’hui la plénitude des bonheurs terrestres, pourra demain être jeté par la tempête, brisé sur les rochers, sans qu’un mot de pitié soit venu adoucir sa chute ; la vie est un océan paisible aujourd’hui doux, souriant tranquille, demain furieux et mortel !
Compassion, fraternité, pitié ; non des lèvres, mais du coeur !
Marie Capelle.
