Adaptation d’un des écrits essentiels de la doctrine spirite, Nosso Lar, évocation d’un monde paradisiaque, reste un hommage honnête à un certain cinéma d’anticipation.
Décédé, le docteur André Luiz se réveille dans une sorte de purgatoire. Après y avoir expié quelques temps ses fautes, il accède enfin à "Nosso Lar". Le film est la relation de son existence dans ce paradis spirite… Mort, mode d’emploi Chico Xavier : après la vie, l’œuvre. Ou tout au moins l’adaptation de l’un des quelques 451 écrits dont le célèbre médium se fendit, "psychographié" sous la dictée de l’esprit de feu le docteur André Luiz, et dans lequel celui-ci évoque son expérience à Nosso Lar ("notre demeure"), havre de paix des esprits désincarnés tapi quelque part dans les hauteurs de notre univers. On y apprend en détail comment y fonctionne la vie quotidienne, l’organisation administrative avec ses ministres et ses serviteurs, ses hôpitaux et ses médecins, sans oublier ses musiciens donnant concert les dimanches ensoleillés dans les jardins publics – pardon, "d’Eden". Un parfait petit guide introductif de la vie après la mort en somme, qui se vendit à plus de 1,3 million d’exemplaires de par le monde, et qui est aujourd’hui considéré comme le livre de chevet du spiritisme. L’ombre de Big Brother Suite au succès de Chico Xavier il y a quelques mois, une adaptation était donc inévitable. En résulte un drôle d’objet. Pour donner corps à ce qui est censé être une dimension indiscernable par le commun des mortels, l’inspiration a été puisée du côté de la réalité visible, quoique tout aussi dématérialisée, du cinéma d’anticipation des années 1970. Avec ses bâtiments aseptisés, ses habitants vêtus de tuniques blanches ou son climat environnemental doucereux, Nosso Lar renvoie directement à L’Âge de Cristal et autres Rollerball. Cependant, une fois l’association établie et ancrée dans la tête du spectateur, la vision paradisiaque tourne au cauchemar, à l’instar des sociétés totalitaires que décrivent les modèles sus-cités. Et de se mettre à trouver ce "lar"-ci trop lumineux pour être honnête ; encore l’une de ces civilisations manipulatrices à la Big Brother. Exactement tout le contraire du propos initial. Hommage A trop se rapprocher d’œuvres dites de fiction, le film de Wagner de Assis fait du témoignage soi-disant véridique de Xavier-Luiz un objet filmique auquel les non-spirites, surtout cinéphiles, ne sauraient accorder le moindre crédit. Restent toutefois quelques moments réussis, notamment la description du "Seuil" ("Umbral"), réellement effrayante où, cette fois, l’on flirte de près avec George Romero et ses morts-vivants. S’il rate donc sa mission prosélyte, Nosso Lar se laisse voir comme un honnête hommage à un certain cinéma de genre nord-américain. Les amateurs apprécieront.